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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 19:06

Les résultats des municipales de 2008 feront l'objet d'un billet ultérieur, je me contenterais d'analyser ici l'importance politique que recouvrent désormais ses mairies pour le PCF.
Doit-on parler de la "peau de chagrin" des mairies communistes ou du fait que, malgré son déclin, le PCF conserve la trosième implantation municipale derrière l'UMP et le PS ? En fait, cette opposition résume les contradictions du communisme municipal contemporain. Considérablement réduit par rapport à son apogée des années 1970 (155 villes de plus de 9000 habitants perdues depuis 1983, 91 conservées ou gagnées), il conserve un rôle fondamental pour le maintien de l'influence communiste.
Les mairies sont en effet à la base de la puissance électorale et militante du parti. D'une part le PC y obtient de meilleurs résultats nationaux que dans les territoires où il ne possède pas d'élus. D'autre part et surtout l'implantation des élus, véritables "notables rouges" selon le mot de Denis Lacorne, engendre un différenciel extrêmement fort entre les résultats nationaux et les résultats locaux du parti.
Ainsi, à Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine Marie-George Buffet, candidate communiste aux élections présidentielles de 2007, avait obtenu 7,26 % des voix, déjà très au-delà de son score national (1,96 %). Aux élections législatives de juin, Roland Muzeau avait quand à lui obtenu 49,30 % des voix dans cette même ville au premier tour (26,75 % dans la circonscription, 4,29 % en France). Enfin, aux élections municipales de 2008 la liste menée par Jacques Bourgoin (PCF) avait quand à elle regroupé 74,95 % des suffrages dès le premier tour. Ces chiffres illustrent un état de fait général : la présence d'élus municipaux communistes, en particulier les maires, favorise le maintien de l'influence du parti.
Cette situation de force des élus locaux communistes se retrouve désormais dans le cumul des mandats. Alors que le PC avait tendance à disperser les mandats de ses élus jusque dans les années 1980, pour éviter la constitution de fiefs personnels, il les concentre désormais. 44 des 91 maires communistes de villes de plus de 9000 habitants occupent au moins deux mandats (dont 5 députés et 3 sénateurs, les autres étant conseillers généraux ou régionaux).
L'autre conséquence de cette influence des notables locaux est la difficulté accrue du renouvellement des élus. Dans des villes qui sont parfois gérées par le PCF depuis plus de 70 ans sans interruption (en-dehors de l'Occupation), les maires sont souvent vieillissants et difficillement remplaçables. Sur les 91 maires communistes de villes de plus de 9000 habitants, 5 seulement ont moins de 40 ans, 36 en ont plus de 60 dont 10 plus de 70.
Contraint et forcé, le parti renouvelle pourtant progressivement ses élus. 56 de ses 91 maires ont été élus depuis 2001, dont 22 depuis 2008. Deux autres changements de maires ont été annoncés dans des villes où le maire a plus de 70 ans : Saran dans le Loiret et Avion dans le Pas-de-Calais.
Les passages de relais sont pourtant l'occasion pour les partis concurrents (PS) ou opposés (UMP) d'accroître leur influence. C'est dans un tel contexte que la mairie d'Aubervilliers a été perdue en 2008 après le départ du maire historique Jacques Ralite en 2004, au profit d'un adjoint plus jeune, Pascal Beaudet.
La parité reste un objectif lointain, puisqu'on ne compte que 17 femmes chez ces 91 maires, dont 14 sont élues en région parisienne (sur 38 maires communistes dans cette catégorie de villes et dans cette région).
Enfin, il faut noter que les mairies communistes de 2009 sont le plus souvent des vieux bastions. Toujours sur la base des 91 mairies communistes de plus de 9000 habitants, seules 21 ont été prises depuis 1983 et le début du déclin municipal du PC, dont 13 en 2008. Sur ces 21 conquêtes, 14 sont en fait des reconquêtes de villes auparavant perdues mais ayant déjà un passé communiste.
A l'inverse, 34 ont été conquises durant l'entre-deux-guerres ou à la Libération, 16 dans les années d'union de la gauche (de 1965 à 1977) et 8 à l'apogée de la guerre froide, dans les années 1950. Ces mairies sont donc gérées par le PC depuis plus de 40 ans, parfois plus de 70 ans, deux d'entre elles l'étant même sans interruption depuis la naissance du PC en 1920 avec la scission du congrès de Tours (Bobigny en Seine-Saint-Denis et Bezons dans le Val-d'Oise).

Les mairies sont désormais au coeur du géosystème des derniers "pays communistes", terre d'élection des notables du parti et foyers de militants et d'électeurs. Il n'en reste pas moins qu'à l'instar d'un parti à l'implantation de plus en plus morcelée, ces bastions sont désormais isolés géographiquement et réduits en puissance, posant avec acuité la question de leur avenir.

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