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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 21:06
Après le Cher et l'Allier, deux départements à dominante rurale, je vais présenter l'implantation électorale du PCF dans une région principalement industrielle et urbaine, le Gard. Comme pour les deux précédents exemples, le Gard est un département où le communisme français s'implante très tôt en profondeur. Le Gard fait ainsi partie des sept départements envoyant le plus de députés communistes à l'Assemblée lors du Front Populaire. Le PCF s'appuie d'abord sur l'importance de la population ouvrière, et la présence de métiers qualifiés où il bénéficie d'une audience plus forte comme les mineurs dans les Cévennes ou les cheminots à Nîmes.
La Libération renforce l'implantation du PCF dans le, département qui s'urbanise fortement pendant les années 1950. De dominateur le PCF devient progressivement hégémonique, envoyant quatre députés dans les quatre circonscriptions gardoises en 1978. Dans la première circonscription découpée autour de Nîmes, c'est Emile Jourdans maire de la ville depuis 1965 et député depuis 1973 qui est réélu avec 50,58 % des suffrages. La deuxième circonscription englobe la petite Camargue, Bagnols et Vauvert. Moins bien implanté, le PCF y subit la concurrence du PS et le candidat communiste, Bernard Deschamps, ne l'emporte qu'en 1978 avec 51,66 % des voix.
Les deux dernières circonscriptions englobent les Cévennes gardoises et sont découpées autour de la cité minière d'Alès. La troisième est communiste depuis 1962, le député est Roger Roucaute maire de la ville depuis 1959. Sa remplaçante est élue en 1978 avec plus de 57 % des suffrages. Enfin la quatrième circonscription est détenue par Gilbert Millet depuis 1973, réélu en 1978 avec 56,86 % des voix.
La vague rose de 1981 emporte cependant deux des quatres députés communistes. Seuls Emile Jourdan dans la première et Adrienne Horvath dans la troisième se maintiennent jusqu'en 1986 et au passage à la proportionnelle. Le redécoupage de 1988 attribue une circonscription supplémentaire au Gard mais seul Gilbert Millet est élu pour le PCF à Alès-Est. La vague bleue de 1993 emporte le dernier député communiste du Gard, mais le PCF parvient à placer deux nouveaux élus en 1997. Dans la première circonscription Alain Clary qui a réussi à reprendre Nîmes à la droite en 1995 est élu dans le cadre d'une triangulaire avec la droite et le FN. Dans la troisième (Alès-Est) c'est le maire de La Grand-Combe Patrick Malavieille qui est élu. Ils sont tous deux battus en 2002.
Depuis cette date, le communisme gardois est donc restreint au niveau local. Les élections de 1997 avaient déjà révélé l'importance de cette implantation pour le PCF, puisque ses deux députés étaient également des élus locaux. La carte ci-dessous qui présente les résultats du parti aux élections cantonales met bien en évidence les trois zones de force que conserve le PCF dans le Gard.



Le PCF conserve huit conseillers généraux dans le département, essentiellement élus dans les Cévennes et à Alès (Alès-Nord-Est, Alès-Ouest, Barjac, Génolhac, La Grand-Combe, Saint-Ambroix), les seules exceptions étant les cantons de Nîmes-III et de Rhôny-Vidourle, en petite Camargue. Cette région constitue l'une des trois zones de force du PCF dans le département, bien que la moins dense. Concentrée autour d'Aigues-Mortes et de Rhôny-Vidourle, elle est cependant réduite en puissance et en taille par le glissement lent mais durable de cette région vers la droite.
La deuxième zone de force du parti communiste se situe autour de Nîmes. Bien qu'il ait perdu la mairie une première fois en 1983 puis une deuxième en 2001 après avoir repris la ville en 1995, il y conserve de beaux restes. Alain Clary, ancien maire est ainsi conseiller général du canton de Nîmes-III. Le PC dépasse 20 % dans deux des six cantons de la ville et 10 % dans deux autres. Signe de cette vitalité persistante c'est le candidat communiste qui est arrivé en tête des listes de gauche aux élections municipales de 2008, avant d'être assez largement battu au second. La périphérie nord de Nîmes, zone tampon avec le pays minier alésien, offre également une bonne implantation au PC.
C'est cependant dans le nord du département que le PC obtient ses meilleurs résultats. Les Cévennes ont durement été touchées par la désindustrialisation et la fermeture des mines dans les années 1970 et 1980. La Grand-Combe est par exemple la deuxième ville la plus pauvre de France en terme de revenu par habitant. La crise économique n'a pourtant pas éliminé le PC qui obtient plus de 40 % des suffrages exprimés au premier tour des cantonales dans trois des huit cantons de la région et plus de 30 % dans deux autres.
Enfin, au-delà de ces trois zones de force, le PCF conserve une implantation générale plus forte qu'au niveau national. Le PCF passe ainsi la barre des 5 % des voix dans 36 des 46 cantons du département, et celle des 10 % dans 19, lui permettant de continuer à exister dans les négociations avec les autres partis de gauche.
L'influence qu'il conserve aujourd'hui aux élections cantonales n'est cependant plus que le simple héritage, très affaibli, de la puissance qu'il détenait dans les années 1970. A titre indicatif, j'ai recomposé une carte de l'influence communiste aux élections de 1976 et de 1979, le décalage avec son assise électorale des années 2000 est ainsi flagrant.




Enfin, bien que très en retrait sur la période précédente, le PCF conserve une influence municipale non négligeable. Après les élections municipales de 1977, le PCF dirigeait les trois plus grandes villes gardoises. En 2008, il n'en détient plus aucune. Conquise en 1965, Nîmes a été perdue une première fois en 1983. Elle est reconquise par Alain Clary en 1995 dans une quadrangulaire avec deux listes de droite et le Front National, avant d'être reperdue en 2001. Alès est perdue en 1989 au profit d'une alliance des socialistes avec le centre-droit, et n'a jamais été reprise. Enfin, Beaucaire a été perdue en 1983 et le PCF n'y conserve plus qu'une influence résiduelle.
Dans la catégorie des villes de moins de 9 000 habitants, le PC a perdu 4 autres mairies dont deux dans des communes de plus de 5 000 habitants, Aigues-Mortes et Saint-Christol-lès-Alès. Alors que reste-t-il de son influence municipale ? La carte ci-dessous offre un premier élément de réponse.




Le PC conserve la direction de deux villes de plus de 3 500 habitants, Aramon et La Grand-Combe. Surtout, il dirige toujours un important nombre de petites communes, préservant ainsi son influence dans l'ancien bassin minier au nord d'Alès, et dans la périphérie nord de Nîmes. C'est cette influence dans les petites communes qui lui permet de toujours exister au niveau local voire national. Rappelons en effet qu'en 2007 encore le PCF était présent au deuxième tour dans deux circonscriptions, celles de Nîmes et d'Alès, où le poids de ses élus locaux le préserve  provisoirement de la disparition.
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