Les députés
Depuis, si le poids des communistes a diminué, ils restent très présents. Le PCF compte encore 3 des 16 circonscriptions en 1988 (Marseille 8° secteur, Istres-Martigues et Aubagne-La Ciotat) contre tout de même 7 sur 11 en 1978. Le déclin des années 1980 a donc été très prononcé au niveau des législatives.
Les législatives de 1997 voient l'influence des communistes remonter légèrement puisqu'ils prennent la circonscription de Gardanne au RPR, qui vient s'ajouter aux trois de 1988 (dont deux ont été perdues en 1993 et reconquises en 1997). Les années 2000 marquent cependant une nouvelle étape dans le déclin du PCF qui perd deux députés en 2002 (Aubagne et Gardanne), et encore un en 2007 (Marseille 8° secteur, siège qu'il détenait sans interruption depuis 1958). Le dernier député communiste des Bouches-du-Rhône est donc Michel Vaxès élu dans la circonscription de Martigues.
Au niveau local, il faut distinguer l'évolution du PCF à Marseille même et dans le reste du département.
A Marseille
Le PCF a connu un déclin très marqué dans la deuxième ville française. Elle a longtemps été parmi les plus grandes villes de France celle qui lui offrait ses meilleurs résultats. Le PCF a même détenu la mairie de 1946 à 1947. Jusque dans les années 1960 le PCF obtient couramment plus de 30 % des suffrages dans la cité phocéenne, alors même que ses résultats nationaux tournent autour de 20-25 %.
La désindustrialisation de la ville à partir des années 1970 a entrainé un premier déclin, matérialisé en 1981 par la perte de 3 des 4 sièges de députés que le PCF détenait dans la ville, essentiellement au profit du PS. Les mutations sociologiques et urbaines réduisent la sociabilité ouvrière et populaire sur laquelle le PCF fondait sa puissance. Privé de ses matrices de recrutement, isolé et minoritaire, le PCF marseillais perd ses points d'appuis.
Les années 2000 achèvent ce processus de déclin acceléré du Parti : le dernier député communiste perd son siège en 2007 dans le fief que constitue pourtant le 8° secteur. En 2008, le PCF perd à la fois la mairie du 8° secteur et les deux cantons qu'il détenait encore : il est désormais totalement éliminé des postes électifs de Marseille, à l'exception de sièges de conseillers municipaux et d'adjoints dans les mairies de secteur.
Le repli communiste est matérialisé par ses résultats aux élections cantonales :
Résultats du PCF aux élections cantonales à Marseille.
On le voit, le PCF est présent dans l'ensemble de la ville (qui a conservé un caractère populaire, plus que Paris et Lyon à des échelles comparables). Son influence est cependant marginalisée (moins de 10 %), hormis dans son fief du 8° secteur (cantons de Verduron, Saint-Mauront et Notre-Dame-Limite) où il est néanmoins en net recul.
Dans le reste du département
L'évolution récente du PCF est plus contrastée dans le reste des Bouches-du-Rhône. Suivant une évolution nationale de déclin, il a quasiment disparu (ou est du moins marginalisé) dans de vastes secteurs : le pays d'Aix-en-Provence, la région de Tarascon et plus généralement le nord du département, moins urbanisé.
Il conserve en revanche des zones de force très vivaces dans quelques fiefs et plus généralement une influence non négligeable à Arles, dans la région de l'Etang de Berre, dans les communes du pourtour de Marseille et le pays minier autour de Gardanne. Cette influence morcelée apparaît sur la carte n°2 :
Résultats du PCF aux élections cantonales dans les Bouches-du-Rhône
Comme pour les autres départements que j'ai présenté, l'importance de la détention de municipalités apparait sur cette carte. On constate que le PCF obtient ses meilleurs résultats à Arles, Martigues et Aubagne, qui sont également ses mairies les plus importantes du département. Dans une moindre mesure, cette influence est perceptible à Port-Saint-Louis, Gardanne et Les Pennes-Mirabeau. On constate également la persistance d'une influence résiduelle du PCF dans ses anciennes zones de force : le pays minier avec Trets, les chantiers navals à La Ciotat et le pays rouge de la région de Châteaurenard et Orgon.
Encore présent dans les élections, le Parti communiste ne conserve plus que six conseillers généraux à Arles et Aubagne Ouest, Gardanne, Port-Saint-Louis et dans les deux cantons de Martigues.
La troisième carte représente les municipalités communistes du département.
Mairies communistes des Bouches-du-Rhône
On voit que l'influence du PCF est encore importante à cet échelon puisqu'il détient trois des cinq plus grandes villes du département (Arles, Martigue, Aubagne), les deux plus importantes revenant à l'UMP (Marseille et Aix). Au total, il conserve 12 villes de plus de 3 500 habitants et une commune de moins de 3 500 habitants. Cette force locale s'est traduite en 2008 par la reconquête de Port-Saint-Louis (9 000 habitants), perdue en 2001, et la réélection de la totalité des 12 maires sortants.
Puissant au niveau local, le PCF est donc nettement affaibli au niveau national bien que toujours présent. Les dernières élections ont toutefois été encourageantes, et laissent espérer un retournement de situation si le PCF parvient à conforter la dynamique nationale retrouvée lors des élections européennes.
D'abord, des élections locales partielles ont montré que le PCF conservait une capacité de conquête là où il n'est pas élu (plus de 40 % des votants au premier tour de l'élection municipale partielle de Saint-Mitre les Remparts en mars 2009, remportée au 2° tour par le maire sortant UMP) ou du moins un poids important (11 % à la cantonale partielle de Vitrolles en novembre 2009).
Surtout, les listes du Front de gauche sont parvenues à émerger dans les Bouches-du-Rhône lors des élections européennes : 8,72 % et plus de 40 000 voix, soit le meilleur résultat régional (PACA) et un des meilleurs de la circonscription Sud-Est. Les élections régionales seront ici déterminantes pour confirmer cette tendance.