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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 16:44
Les Bouches-du-Rhône sont aujourd'hui le département de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur où le PCF est le mieux implanté. Les communistes sont puissants de longue date dans ce département ouvrier. En 1981, les Bouches-du-Rhône sont ainsi le seul département métropolitain avec la Seine-Saint-Denis à placer le communiste Georges Marchais en tête du premier tour de l'élection présidentielle.

Les députés
Depuis, si le poids des communistes a diminué, ils restent très présents. Le PCF compte encore 3 des 16 circonscriptions en 1988 (Marseille 8° secteur, Istres-Martigues et Aubagne-La Ciotat) contre tout de même 7 sur 11 en 1978. Le déclin des années 1980 a donc été très prononcé au niveau des législatives.
Les législatives de 1997 voient l'influence des communistes remonter légèrement puisqu'ils prennent la circonscription de Gardanne au RPR, qui vient s'ajouter aux trois de 1988 (dont deux ont été perdues en 1993 et reconquises en 1997). Les années 2000 marquent cependant une nouvelle étape dans le déclin du PCF qui perd deux députés en 2002 (Aubagne et Gardanne), et encore un en 2007 (Marseille 8° secteur, siège qu'il détenait sans interruption depuis 1958). Le dernier député communiste des Bouches-du-Rhône est donc Michel Vaxès élu dans la circonscription de Martigues.


Au niveau local, il faut distinguer l'évolution du PCF à Marseille même et dans le reste du département.

A Marseille
Le PCF a connu un déclin très marqué dans la deuxième ville française. Elle a longtemps été parmi les plus grandes villes de France celle qui lui offrait ses meilleurs résultats. Le PCF a même détenu la mairie de 1946 à 1947. Jusque dans les années 1960 le PCF obtient couramment plus de 30 % des suffrages dans la cité phocéenne, alors même que ses résultats nationaux tournent autour de 20-25 %.
La désindustrialisation de la ville à partir des années 1970 a entrainé un premier déclin, matérialisé en 1981 par la perte de 3 des 4 sièges de députés que le PCF détenait dans la ville, essentiellement au profit du PS. Les mutations sociologiques et urbaines réduisent la sociabilité ouvrière et populaire sur laquelle le PCF fondait sa puissance. Privé de ses matrices de recrutement, isolé et minoritaire, le PCF marseillais perd ses points d'appuis.
Les années 2000 achèvent ce processus de déclin acceléré du Parti : le dernier député communiste perd son siège en 2007 dans le fief que constitue pourtant le 8° secteur. En 2008, le PCF perd à la fois la mairie du 8° secteur et les deux cantons qu'il détenait encore : il est désormais totalement éliminé des postes électifs de Marseille, à l'exception de sièges de conseillers municipaux et d'adjoints dans les mairies de secteur.
Le repli communiste est matérialisé par ses résultats aux élections cantonales :

Résultats du PCF aux élections cantonales à Marseille.

On le voit, le PCF est présent dans l'ensemble de la ville (qui a conservé un caractère populaire, plus que Paris et Lyon à des échelles comparables). Son influence est cependant marginalisée (moins de 10 %), hormis dans son fief du 8° secteur (cantons de Verduron, Saint-Mauront et Notre-Dame-Limite) où il est néanmoins en net recul.


Dans le reste du département
L'évolution récente du PCF est plus contrastée dans le reste des Bouches-du-Rhône. Suivant une évolution nationale de déclin, il a quasiment disparu (ou est du moins marginalisé) dans de vastes secteurs : le pays d'Aix-en-Provence, la région de Tarascon et plus généralement le nord du département, moins urbanisé.
Il conserve en revanche des zones de force très vivaces dans quelques fiefs et plus généralement une influence non négligeable à Arles, dans la région de l'Etang de Berre, dans les communes du pourtour de Marseille et le pays minier autour de Gardanne. Cette influence morcelée apparaît sur la carte n°2 :



Résultats du PCF aux élections cantonales dans les Bouches-du-Rhône

Comme pour les autres départements que j'ai présenté, l'importance de la détention de municipalités apparait sur cette carte. On constate que le PCF obtient ses meilleurs résultats à Arles, Martigues et Aubagne, qui sont également ses mairies les plus importantes du département. Dans une moindre mesure, cette influence est perceptible à Port-Saint-Louis, Gardanne et Les Pennes-Mirabeau. On constate également la persistance d'une influence résiduelle du PCF dans ses anciennes zones de force : le pays minier avec Trets, les chantiers navals à La Ciotat et le pays rouge de la région de Châteaurenard et Orgon.
Encore présent dans les élections, le Parti communiste ne conserve plus que six conseillers généraux à Arles et Aubagne Ouest, Gardanne, Port-Saint-Louis et dans les deux cantons de Martigues.

La troisième carte représente les municipalités communistes du département.



Mairies communistes des Bouches-du-Rhône

On voit que l'influence du PCF est encore importante à cet échelon puisqu'il détient trois des cinq plus grandes villes du département (Arles, Martigue, Aubagne), les deux plus importantes revenant à l'UMP (Marseille et Aix). Au total, il conserve 12 villes de plus de 3 500 habitants et une commune de moins de 3 500 habitants. Cette force locale s'est traduite en 2008 par la reconquête de Port-Saint-Louis (9 000 habitants), perdue en 2001, et la réélection de la totalité des 12 maires sortants.

Puissant au niveau local, le PCF est donc nettement affaibli au niveau national bien que toujours présent. Les dernières élections ont toutefois été encourageantes, et laissent espérer un retournement de situation si le PCF parvient à conforter la dynamique nationale retrouvée lors des élections européennes.
D'abord, des élections locales partielles ont montré que le PCF conservait une capacité de conquête là où il n'est pas élu (plus de 40 % des votants au premier tour de l'élection municipale partielle de Saint-Mitre les Remparts en mars 2009, remportée au 2° tour par le maire sortant UMP) ou du moins un poids important (11 % à la cantonale partielle de Vitrolles en novembre 2009).
Surtout, les listes du Front de gauche sont parvenues à émerger dans les Bouches-du-Rhône lors des élections européennes : 8,72 % et plus de 40 000 voix, soit le meilleur résultat régional (PACA) et un des meilleurs de la circonscription Sud-Est. Les élections régionales seront ici déterminantes pour confirmer cette tendance.
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 16:12
Alors que l'union entre le PCF et le NPA en vue des régionales s'éloigne chaque jour un peu plus, on est en droit de s'interroger sur la nature des rapports entre les deux partis : future alliance, rivalité ou affrontement ? Malgré l'entremise du Parti de Gauche, les communistes et les proches d'Olivier Besancenot ne parviennent pas à s'entendre. Ce désaccord persistant trouve sa source immédiate dans les projets politiques des deux partis. Les communistes acceptent l'idée de participer à des gouvernements (locaux aujourd'hui) avec le reste de la gauche, le NPA non.

Il trouve aussi ses racines dans un anatagonisme plus profond. Le NPA se perçoit de plus en plus comme le parti dominant à gauche du PS, malgré son échec des élections européennes (son premier test électoral). Cette opinion ne peut évidemment être partagée au PCF qui, en terme d'élus et d'audience électorale (à l'exception de la présidentielle de 2007) pèse plus que son concurrent trotskyste.
Surtout, le déclin électoral et militant du PCF a laissé un espace vacant à gauche, et l'ambition de la création du NPA (qui a remplacé la LCR en février 2009) était de le combler. Plus que des partenaires, les deux partis sont donc des concurrents directs. Cette analyse est confirmée si l'on regarde les résultats des deux partis aux élections européennes de juin.

Le PCF, partie prenante du Front de Gauche, avait alors obtenu un succès d'abord en progressant par rapport à ses résultats précédents (6,5 % contre 5,8 % en 2004), ensuite en dépassant le NPA (mis en échec avec seulement 4,9 % des suffrages). L'analyse détaillée des résultats confirme que les deux partis sont plus concurrents que partenaires.
Le NPA a ainsi obtennu ses meilleurs résultats dans les circonscriptions Nord-Ouest (la seule où le Front de Gauche a obtennu moins en 2009 que le PCF en 2004) et Est (le plus mauvais résultat national du Front de Gauche). Au contraire il obtient de très faibles résultats en Ile-de-France et dans le Sud-Ouest, où le PCF dispose encore de bastions importants.

Les deux cartes ci-dessous permettent d'affiner l'analyse. La première représente les résultats du NPA, la seconde ceux du Front de Gauche aux élections européennes de 2009. L'échelle n'est pas la même, la différence des résultats rendant peu significative dans le cas du NPA celle que j'utilise habituellement pour les analyses détaillées.



Résultats du NPA aux élections européennes de 2009




Résultats du Front de Gauche aux élections européennes de 2009


Je ne reviendrai pas sur les différences de résultats en terme quantitatifs mais j'essaierai de m'intéresser à la répartition respective de l'électorat sur le territoire. Je l'ai déjà précisé pour le Front de Gauche (voir le billet sur les élections européennes), la répartition de son électorat reprend la géographie classique du PCF autour du nord minier et ouvrier, de la région parisienne, des pourtours occidentaux et septentrionaux du massif central et du bassin méditerranéen. La géographie connait juste un léger recentrage sur la moitié sud de la France, en particulier sur son quart sud-ouest.
Le NPA au contraire se localise en priorité dans les anciens bassins industriels de l'Est de la France, où le PCF a connu un déclin précoce (dès les années 1980). 4 des 6 départements où il obtient plus de 7 % s'y trouvent, ainsi que 5 des 18 départements où il obtient plus de 6 %. On peut donc associer son succès en Lorraine, en Franche-Comté et dans une moindre mesure en Champagne-Ardennes à la présence d'une population fragilisée et paupérisée par les fermetures industrielles. Cette population rejette d'autre part globalement les partis de gauche classiques depuis l'abandon de la sidérurgie par les gouvernements de François Mitterand en 1984-1986, rejet qui associe le PCF.
En substance, le NPA reprend à son compte le vote protestataire qui avait servi à l'ascension du FN dans les années 1980 et surtout 1990.
Le succès du NPA dans les anciens bassins industriels explique aussi son résultat relativement bon dans la basse vallée de la Seine et en Picardie. La Somme, où le NPA obtient un de ses meilleurs résultats nationaux, est un des 12 départements où le PCF a régréssé en 2009. Au contraire, il ne perce pas dans l'ancien bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais où l'implantation communiste reste forte. Dans le Nord et l'Est de la France, les meilleurs résultats du NPA s'expliquent donc par un recul (ancien ou récent) du PCF, qui ne parvient plus à représenter les colères d'une partie de la classe ouvrière désormais radicalisée. NPA et PCF sont donc directement en concurrence dans ces régions.

Ils le sont également sur le reste du territoire. De manière générale, on remarque que là où le Front de Gauche est bien implanté, le NPA ne parvient pas à s'imposer (région parisienne, pourtour méditerranéen, sud-ouest, sud-est), ou du moins ne parvient pas à dépasser de manière significative la seule audience que lui a assuré la popularité d'Olivier Besancenot.

Si on laisse de côté la Corse (l'analyse du vote y est sujette à caution compte tenu de la forte abstention qui y a régné en juin 2009), le NPA connait d'autres bons résultats relatifs dans le massif central. Encore une fois, il entre en concurrence avec le PCF, mais cette fois dans un espace où les communistes conservent une très forte assise locale. Il est parvenu à émerger dans plusieurs départements présentant des situations variées.
Il obtient son meilleur résultat national dans la Creuse (8,8 %), département où le PCF obtient son plus mauvais résultat de la région Limousin. En Haute-Vienne, son succès relatif n'empêche pas le PCF d'obtenir plus de 10 % des voix et un de ses meilleurs résultats nationaux. La Dordogne où le NPA obtient un bon résultat est l'un des 12 départements où le PCF recule par rapport à 2004.
Enfin, le NPA obtient des bons résultats dans le Lot, le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire, départements où le PCF est moyennement implanté, alors qu'il est marginalisé dans l'Allier et le Cher, zones de force par excellence du PCF.


Ainsi, on a pu constater que le NPA et le PCF étaient globalement en concurrence pour un électorat proche. Le parti anticapitaliste émerge là où le PCF est le plus affaibli, et n'obtient qu'une audience de sympathie (autour ou moins de 5 %) là où il est présent (à l'exception d'un grand ouest où les deux partis sont faiblement implantés). En concurrence pour un même électorat, il parait donc logique que l'antagonisme profond entre les deux partis se traduise également par une incapacité récurrente à s'allier : depuis la campagne commune du NON en 2005, PCF et NPA ont essayé de s'allier mais n'ont pu y parvenir lors des élections présidentielles de 2007 et européennes de 2009.
Les deux partis semblent donc dans une situation ou l'alliance est impossible et la concurrence une réalité de fait, rendant peu probable une union de la gauche du PS à court terme (ce qui s'est confirmé dans les blocages récents pour les régionales).
Au-delà des blocages sur l'attitude par rapport au pouvoir (qui n'est pas un des moindres désaccords de fonds entre les deux sensibilités anticapitaliste et communiste), les deux partis semblent devoir rester dans une concurrence durable pour la conquête d'un électorat qui partage en fait un passé et des attentes communes.
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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 18:18
Après avoir étudié l'implantation du PCF dans trois de ses zones de force provinciales (deux rurales, Allier et Cher, et une mixte rurale-urbaine, le Gard), je vais m'intéresser à sa terre d'élection par excellence, la banlieue parisienne. La banlieue rouge a en effet constitué pendant plus de 60 ans la référence symbolique du PCF. Le Parti communiste puisait dans ses mairies de banlieue, où il régnait sans partage, ses cadres, ses militants, ses électeurs. La banlieue rouge a assuré les beaux jours électoraux du Parti, y compris lors de ses pires crises du début des années 1930 (stalinisation) et des années 1950 (Guerre Froide).
Signe de cette force, la banlieue parisienne élit depuis les années 1930 la plupart des grands dirigeants nationaux du PCF. Georges Marrane et Maurice Thorez sont respectivement maire et député d'Ivry-sur-Seine (94) des années 1930 au début des années 1960, Jacques Duclos est député de Montreuil (93), Gabriel Péri d'Argenteuil (95). Plus près de nous, Georges Marchais est élu à Champigny puis Villejuif (94), Robert Hue à Montigny puis Argenteuil, Marie-Georges Buffet au Blanc-Mesnil (93).
Le PCF s'implante dès les années 1920 dans cette banlieue qui lui offre ses premiers succès électoraux. J'étudierai de manière plus détaillée l'histoire de cette banlieue rouge jusqu'au redécoupage de 1968. Car l'histoire électorale du PCF est ici intimement liée à la partition du département de la Seine en 1968, qui donne naissance à quatre nouveaux déparrtements : Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne. Dans l'optique gaulliste, il s'agit d'opérer un partage des pouvoirs locaux avec le PCF. Marginalisés à Paris et dans les Hauts-de-Seine, les communistes sont voués à rester minoritaire. En échange, la Seine-Saint-Denis regroupe la majeure partie des fiefs historiques du Parti au Nord et à l'Est de la capitale. Enfin, le Val-de-Marne devait avoir un destin plus intermédiaire, regroupant des villes ouvrières et des communes plus bourgeoises.
A la création du département, c'est cependant le communiste Gaston Viens (maire d'Orly) qui est élu pour présider le conseil général. Le PCF perd la présidence dès les élections de 1970 au profit de Roland Nungesser, maire UDR de Nogent-sur-Marne. Une nouvelle bascule, durable cette fois, s'opère en 1976 avec l'élection de Michel Germa (PCF) à la présidence du département. Il y restera jusqu'en 2001, date à laquelle il est remplacé par Jean-François Voguet (PCF), toujours en fonction.
Le PCF dirige donc le Val-de-Marne sans interruption depuis 1976, avec une coupure de six ans depuis 1968.  Alors qu'il a perdu la Seine-Saint-Denis en 2008, son implantation dans le 94 semble plus solide et plus durable. Quels en ont été les ressorts ?
La première carte offre un premier élément de réponse.


Cette carte présente la couleur politique des cantons du Val-de-Marne. On constate que les élus communistes sont très concentrés, et élus exclusivement dans des cantons découpés à partir des villes dirigées par le PCF (Ivry-sur-Seine, Villejuif, Vitry-sur-Seine, Champigny-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois...). Le communisme municipal apparait ainsi comme le ressort essentiel de la puissance communiste puisqu'il est devenu la terre d'élection exclusive des conseillers généraux communistes. Le seul "contre-exemple" n'en est en effet pas un puisque le canton du Kremlin-Bicêtre comprend une partie de la ville de Gentilly, dirigée par un maire communiste.
Plus précisément, on peut dire que le conseil général et les mairies communistes s'entre-aident : le département comme les mairies sont les pièces maitresses de la défense du périmètre communiste. Avec 17 élus issus de ses rangs et une majorité de gauche de 31 sièges (sur 49), le PCF conserve au conseil général une marge confortable à la fois par rapport à l'opposition de droite et à ses alliés de gauche. Cette majorité s'est même accrue en 2008 avec la conquête de Fontenay-Est par le PCF et de Villeneuve-le-Roi par le MRC.

On peut apporter une nuance à ce tableau optimiste, puisque le PCF est essentiellement limité au niveau local dans le Val-de-Marne. A la différence des Hauts-de-Seine (3 députés) et de la Seine-Saint-Denis (4 députés), départements où il dispose cependant d'une assise locale moindre, le PCF ne conserve qu'une circonscription dans le Val-de-Marne, celle d'Ivry (représentée par le maire Pierre Gosnat depuis 2007).
Celà est à la fois dû à un découpage défavorable (Champigny par exemple est éclatée entre deux circonscriptions, tout comme Vitry) mais aussi à l'histoire du département. Le PCF n'y a jamais été hégémonique, même pas au sein de la gauche.
La contrepartie de cette situation est que le PCF est très présent dans l'ensemble des circonscriptions du département, ses fiefs étant relativement dispersés. En 2007, il a dépassé le seuil de 5 % des suffrages dans 10 des 12 circonscriptions (157 sur 577 en France) et celui des 10 % dans 4 circonscriptions (54 en France).

Au niveau local, son influence est encore plus présente, comme l'illustre la carte ci-dessous :


Le PCF dépasse 40 % des suffrages dans 5 cantons, 30 % dans 8 autres et 20 % dans 4 derniers. Ces 17 cantons forment le coeur d'une puissance par ailleurs générale, à l'exception de villes bourgeoises comme Saint-Mandé, Charenton, Vincennes et Nogent.
On constate bien sur la carte le "corridor rouge" dessiné par Ivry, Vitry, Villejuif, Choisy et Valenton au Sud de Paris. Plus globalement, cette carte fait apparaitre le lien entre niveau électoral du PCF et présence d'élus (municipaux en particuliers). Dans les villes qu'il a perdues, le niveau électoral du PCF régresse nettement même s'il reste à des niveaux plus élevés que dans le reste du département. Ainsi, à Orly  et à Arcueil (dont les maires sont entrés en dissidence  respectivement en 1989 et 1995), le PCF obtient encore plus de 10 % des suffrages. En revanche, il obtient seulement plus de 5 % à Joinville (perdue en 1983) et n'a pas présenté de candidat à Villeneuve-le-Roi (perdue en 2001), préférant soutenir dès le premier tour le candidat du MRC.
Victime de sa faiblesse nationale, le PCF ne perce pas (ou peu) dans les cantons découpés à partir des villes de gauche qu'il ne dirige pas (Cachan, Alfortville, Créteil, L'Haÿ, Fresnes...). Le cas du Val-de-Marne démontre une nouvelle fois que l'influence locale permet au PCF de se maintenir provisoirement (dans les endroits où il a des élus du moins), mais ne compense pas le déficit de notoriété nationale. La tentative du Front de Gauche aux élections européennes a cependant été un succès dans ce département avec un progrès relativement général des résultats par rapport à 2004 (voir l'article sur les élections européennes).

Enfin, on peut présenter rapidement l'étendue de l'influence municipale du PCF (carte n°3).



Avec 12 maires de villes de plus de 9 000 habitants dont 7 de plus de 30 000 (et 4 de plus de 50 000), le PCF s'affirme comme la force dominante du Val-de-Marne sur le plan municipal. Ses alliés sont d'autre part à la tête de trois villes : Limeil-Brévannes conquise par  le Parti de Gauche en 2008, Arcueil et Orly administrées par les héritiers des maires communistes dissidents des années 1990.
Pour conclure, on peut dire que le Val-de-Marne présente un bel exemple (peut-être le meilleur) de dynamique locale en l'absence de perspectives nationales. La reconquête de Villeneuve-Saint-Georges en 2008 (perdue en 1983) en offre le meilleur exemple. Cette puissance locale reste cependant encore trop dépourvue de débouchés aux élections nationales, malgré un sursaut récent aux européennes de 2009.
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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 17:25
Alors que le second tour des élections municipales partielles se tient demain, retour sur un conflit vieux de trente ans, et sur une histoire municipale qu'il faut faire remonter aux années 1950.
En 1951, la fusion des deux communes de Corbeil et d'Essonnes fait naitre une petite commune de grande banlieue : Corbeil-Essonnes. La ville compte alors 22 000 habitants et forme la ceinture extérieure de la banlieue parisienne. Corbeil est depuis la fin du XIX° siècle une ville industrielle, et offre rapidement de bons résultats au PCF. Celui-ci sort renforcé de la Seconde Guerre Mondiale et renforce partout la "ceinture rouge" de la capitale. C'est dans ce contexte qu'intervient la conquête de 1959.
Conseiller municipal depuis 1947, Roger Combrisson l'emporte face au maire SFIO sortant, Georges Goudin. Elu maire, il va contribuer à façonner le visage de cette ville de grande banlieue qui connaît une importante hausse de sa population. Elle passe ainsi de 22 000 à 39 000 habitants entre 1954 et 1975, notamment avec la construction de logements sociaux dont le grand ensemble des Tarterêts à partir de 1961. L'emprise du PCF sur la ville se renforce jusque dans les années 1970, l'union de la gauche la portant à des sommets jamais atteints. En 1977, Roger Combrisson réunit ainsi dès le premier tour plus de 65 % des suffrages. Cette année voit également la première présentation de Serge Dassaut à une élection municipale. Bien que battu, il décide de s'installer dans la durée.
Commence alors l'histoire d'un combat qui oppose pendant trente ans les communistes et le milliardaire. En 1983, candidat du RPR ce-dernier obtient plus de 47 % des voix. Un premier coin de la citadelle est enfoncé en 1988 lorsqu'il s'empare du canton de Corbeil-Essonnes Est au détriment du PCF. Dans un contexte national (depuis les élections législatives de 1978) et local de reflux de la banlieue rouge et du communisme municipal, le PCF recule fortement à Corbeil. Le basculement intervient finalement en 1995.
Après le retrait de Roger Combrisson, remplacé en 1992 par Marie-Anne Lesage, le PCF perd la ville au deuxième tour avec moins de 45 % des suffrages exprimés. Cette même année, il connaît un revers sans précédent dans le département de l'Essonne avec la perte de Palaiseau, Etampes et Saint-Germain-lès-Arpajon. Marginalisé dans le département, exclu de la mairie de son fief historique, le PCF qui avait dominé totalement le département (il obtient en 1976 la présidence du conseil général et en 1978 les quatre sièges de députés) parait menacé de disparition à court terme.
S'il ne parvient pas à redresser la barre dans le reste du département, il conserve en revanche ses positions à Corbeil. Le candidat communiste Bruno Piriou, ancien membre du cabinet de Roger Combrisson, est élu conseiller général dans le canton de Corbeil-Essonnes Ouest en 1998. Porté par une volonté de changement en 1995, Serge Dassaut voit sa situation fragilisée. C'est alors que nait le système condamné par le Conseil d'Etat en 2008 d'achat systématique d'électeurs et de subventions à des associations proches de la majorité.
Battu dès le premier tour en 2001 (19,5 % des voix contre 51,6 % à Serge Dassault), Bruno Piriou s'inscrit dans la durée. Porté par la vague nationale du succès de la gauche, le PCF réaise un très bon résultat en 2008. Avec 31 % des suffrages, il devance le socialiste Carlos Da Silva (premier secrétaire fédéral et proch de Manuel Valls) de plus de dix points. Majoritaire en voix, la gauche peut espérer l'emporter au second tour. Elle est finalement battue sur le fil avec 125 voix de retard.
Les résultats interrogent cependant le candidat communiste, battu dans des bureaux de vote qui sont habituellement très favorables à la gauche. Il dépose un recours devant la juridiction administrative et, après un patient travail de collecte, parvient à démontrer l'existence d'un véritable système d'achat des électeurs, qui sera sanctionné en juin par le Conseil. Victime d'une bourde dans ses comptes de campagne (il a oublié de compter la location d'une salle), il est cependant condamné à l'inéligibilité. L'élection partielle de la semaine dernière se tient donc  en l'absence des deux principaux protagonistes, ce dont souhaitent profiter le PS et les Verts.
Au soir du premier tour, ce sont pourtant les candidats communistes et UMP qui virent en tête. Avec respectivement 24 % pour le PC, 19 % pour le PS et 7 % pour les Verts, la gauche est virtuellement majoritaire à Corbeil. Unifiée avant le second tour autour de Michel Nouaille, candidat du PCF, elle se lance une nouvelle fois à l'assaut de la mairie de Corbeil.
Le symbole de cette banlieue industrielle, gérée pendant quinze ans par un milliardaire, de nouveau conquise par la gauche menée par le PCF, serait un symbole fort. Il rappelerait la puissance locale d'un Parti encore bien vivant, comme l'ont récemment montré les élections européennes.
Verdict dimanche soir.
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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 14:38

Pour la première fois depuis les élections législatives de 1997, les européennes de 2009 ont vu un rebond du PCF par rapport à l'élection précédente de même type. Ce n'est que la deuxième fois depuis 1978 que le PCF enregistre un progrès lors d'une élection. A ce titre, le "Front de gauche" a assurément représenté un succès pour le Parti communiste. Avec cinq élus, le Front de gauche se classe cinquième derrière l'UMP, le PS, Europe Ecologie et le Modem. Le PCF conserve deux députés (circonscriptions Nord-Ouest et Ile-de-France), le Parti communiste réunionais 1 élu (Outre-Mer). Deux nouveaux députés sont élus : Jean-Luc Mélenchon (circonscription Sud-Ouest pour le Parti de Gauche) et Marie-Christine Vergiat (circonscription Sud-Est comme Personnalité associative).
Les résultats détaillés montrent une dynamique du Front de gauche supérieure aux résultats du PCF en 2004. Il y a cinq ans, le Parti communiste obtenait 900 447 voix en métropole, soit 5,2 % des suffrages exprimés et 2,17 % des électeurs inscrits. En 2009, le Front de gauche obtient 1 041 755 voix, soit 6,05 % des suffrages et 2,35 % des inscrits. Si l'on y ajoute les résultats de l'outre-mer, le Front de gauche obtient 1 114 872 voix en 2009. La progression par rapport à 2004 est assez nette (avec le gain de 150 000 suffrages alors même que la participation diminue). Suite à ces résultats, on ne peut que souhaiter que la dynamique du "Front de gauche" soit maintenue pour les élections régionales, ce qui semble se préparer.
Désormais, les partis communistes ne seront plus les seuls représentés au sein de la gauche européenne puisque le Parti de Gauche va également siéger au Parlement.
Les résultats du Front de Gauche sont les suivants :
Outre-Mer : 21,01 %. 1 élu (PCR)
Sud-Ouest : 8,15 %. 1 élu (PG)
Centre : 8,07 %
Nord-Ouest : 6,84 %. 1élu (PCF)
Ile-de-France : 6,32 %. 1 élu (PCF)
Sud-Est : 5,90 %. 1 élu (Pers.)
Ouest : 4,58 %
Est : 3,89 %
Il réalise son meilleur résultat départemental dans l'Allier (12,11 %), suivi de la Seine-Saint-Denis (11,45 %) et des Hautes-Pyrénées (11,25 %). A l'opposé, il réalise son score le plus faible dans le Bas-Rhin (1,50 %), suivi du Haut-Rhin (1,75 %) et de la Vendée (2,70 %).

Une analyse détaillée des résultats montre cependant que les gains du Front de gauche se réalisent principalement dans les départements où il obtient ses plus faibles résultats. Au contraire, il stagne ou progresse légèrement par rapport à 2004 dans ses zones de force. La circonscription Sud-Ouest tranche sur ce constat, le Front de gauche y réalisant partout des résultats en nette hausse. Finalement, il progresse dans 84 des 96 départements métropolitains. La carte suivante montre les départements où le Front de gauche recule par rapport au PCF en 2004. Il s'agit en général de ses zones de force, nous l'avons dit, où il ne parvient pas à mobiliser les catégories populaires pour un scrutin dont l'intérêt n'est pas clairement perçu. C'est le cas dans le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais où les résultats communistes sont en net repli, mais également dans certains départements de la banlieue parisienne, la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise, et enfin en Dordogne et dans l'Allier, département où il obtenait son meilleur résultat national en 2004.


Mis à part ces quelques exceptions, les résultats du Front de Gauche sont en net progrès. Il ne passe pas la barre des 5 % des suffrages dans 30 départements, obtient de 5 % à 7,5 % dans 37 départements, de 7,5 % à 10 % dans 20 départements et plus de 10 % dans 9 départements. La deuxième carte montre la géographie du vote.

On retrouve globalement la géographie traditionnelle du vote communiste. Les zones de force du PCF sur le pourtour méditerranéen, dans les marges occidentales et septentrionales du Massif central, dans l'est de la banlieue parisienne et dans le bassin minier du Nord offrent ses meilleurs résultats au Front de Gauche. La nouveauté réside dans la percée opérée par le Front dans la grande région Sud-Ouest. Porté par la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, il progresse nettement dans cette région radicale et socialiste où le PCF ne s'est jamais réellement imposé. Il obtient ainsi plus de 7,5 % des suffrages dans 12 des 18 départements de la région, et plus de 10 % dans trois d'entre eux. Il ne passe jamais sous la barre des 5 % des exprimés. L'autre circonscription où il obtient ses meilleurs résultats est la circonscription Centre. Il dépasse 7,5 % des suffrages dans 6 des 14 départements, dont 4 où il obtient plus de 10 % (Haute-Vienne, Corrèze, Cher et Allier).
On assiste ainsi à un recentrage du vote Front de gauche sur les bastions ruraux du PCF et sur la moitié sud de la France, en particulier dans le grand sud-ouest à tradition radicale-socialiste.
Dans les zones urbaines et en Ile-de-France en particulier, les résultats du Front de Gauche sont au contraire beaucoup moins satisfaisants. La petite couronne de la banlieue parisienne offre ainsi un visage contrasté. Terre d'élection par excellence du PCF, elle offre globalement de bons résultats au Front de Gauche. Ceux-ci sont cependant en baisse par rapport aux résultats du Parti communiste en 2004, en particulier en Seine-Saint-Denis.




 

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 21:06
Après le Cher et l'Allier, deux départements à dominante rurale, je vais présenter l'implantation électorale du PCF dans une région principalement industrielle et urbaine, le Gard. Comme pour les deux précédents exemples, le Gard est un département où le communisme français s'implante très tôt en profondeur. Le Gard fait ainsi partie des sept départements envoyant le plus de députés communistes à l'Assemblée lors du Front Populaire. Le PCF s'appuie d'abord sur l'importance de la population ouvrière, et la présence de métiers qualifiés où il bénéficie d'une audience plus forte comme les mineurs dans les Cévennes ou les cheminots à Nîmes.
La Libération renforce l'implantation du PCF dans le, département qui s'urbanise fortement pendant les années 1950. De dominateur le PCF devient progressivement hégémonique, envoyant quatre députés dans les quatre circonscriptions gardoises en 1978. Dans la première circonscription découpée autour de Nîmes, c'est Emile Jourdans maire de la ville depuis 1965 et député depuis 1973 qui est réélu avec 50,58 % des suffrages. La deuxième circonscription englobe la petite Camargue, Bagnols et Vauvert. Moins bien implanté, le PCF y subit la concurrence du PS et le candidat communiste, Bernard Deschamps, ne l'emporte qu'en 1978 avec 51,66 % des voix.
Les deux dernières circonscriptions englobent les Cévennes gardoises et sont découpées autour de la cité minière d'Alès. La troisième est communiste depuis 1962, le député est Roger Roucaute maire de la ville depuis 1959. Sa remplaçante est élue en 1978 avec plus de 57 % des suffrages. Enfin la quatrième circonscription est détenue par Gilbert Millet depuis 1973, réélu en 1978 avec 56,86 % des voix.
La vague rose de 1981 emporte cependant deux des quatres députés communistes. Seuls Emile Jourdan dans la première et Adrienne Horvath dans la troisième se maintiennent jusqu'en 1986 et au passage à la proportionnelle. Le redécoupage de 1988 attribue une circonscription supplémentaire au Gard mais seul Gilbert Millet est élu pour le PCF à Alès-Est. La vague bleue de 1993 emporte le dernier député communiste du Gard, mais le PCF parvient à placer deux nouveaux élus en 1997. Dans la première circonscription Alain Clary qui a réussi à reprendre Nîmes à la droite en 1995 est élu dans le cadre d'une triangulaire avec la droite et le FN. Dans la troisième (Alès-Est) c'est le maire de La Grand-Combe Patrick Malavieille qui est élu. Ils sont tous deux battus en 2002.
Depuis cette date, le communisme gardois est donc restreint au niveau local. Les élections de 1997 avaient déjà révélé l'importance de cette implantation pour le PCF, puisque ses deux députés étaient également des élus locaux. La carte ci-dessous qui présente les résultats du parti aux élections cantonales met bien en évidence les trois zones de force que conserve le PCF dans le Gard.



Le PCF conserve huit conseillers généraux dans le département, essentiellement élus dans les Cévennes et à Alès (Alès-Nord-Est, Alès-Ouest, Barjac, Génolhac, La Grand-Combe, Saint-Ambroix), les seules exceptions étant les cantons de Nîmes-III et de Rhôny-Vidourle, en petite Camargue. Cette région constitue l'une des trois zones de force du PCF dans le département, bien que la moins dense. Concentrée autour d'Aigues-Mortes et de Rhôny-Vidourle, elle est cependant réduite en puissance et en taille par le glissement lent mais durable de cette région vers la droite.
La deuxième zone de force du parti communiste se situe autour de Nîmes. Bien qu'il ait perdu la mairie une première fois en 1983 puis une deuxième en 2001 après avoir repris la ville en 1995, il y conserve de beaux restes. Alain Clary, ancien maire est ainsi conseiller général du canton de Nîmes-III. Le PC dépasse 20 % dans deux des six cantons de la ville et 10 % dans deux autres. Signe de cette vitalité persistante c'est le candidat communiste qui est arrivé en tête des listes de gauche aux élections municipales de 2008, avant d'être assez largement battu au second. La périphérie nord de Nîmes, zone tampon avec le pays minier alésien, offre également une bonne implantation au PC.
C'est cependant dans le nord du département que le PC obtient ses meilleurs résultats. Les Cévennes ont durement été touchées par la désindustrialisation et la fermeture des mines dans les années 1970 et 1980. La Grand-Combe est par exemple la deuxième ville la plus pauvre de France en terme de revenu par habitant. La crise économique n'a pourtant pas éliminé le PC qui obtient plus de 40 % des suffrages exprimés au premier tour des cantonales dans trois des huit cantons de la région et plus de 30 % dans deux autres.
Enfin, au-delà de ces trois zones de force, le PCF conserve une implantation générale plus forte qu'au niveau national. Le PCF passe ainsi la barre des 5 % des voix dans 36 des 46 cantons du département, et celle des 10 % dans 19, lui permettant de continuer à exister dans les négociations avec les autres partis de gauche.
L'influence qu'il conserve aujourd'hui aux élections cantonales n'est cependant plus que le simple héritage, très affaibli, de la puissance qu'il détenait dans les années 1970. A titre indicatif, j'ai recomposé une carte de l'influence communiste aux élections de 1976 et de 1979, le décalage avec son assise électorale des années 2000 est ainsi flagrant.




Enfin, bien que très en retrait sur la période précédente, le PCF conserve une influence municipale non négligeable. Après les élections municipales de 1977, le PCF dirigeait les trois plus grandes villes gardoises. En 2008, il n'en détient plus aucune. Conquise en 1965, Nîmes a été perdue une première fois en 1983. Elle est reconquise par Alain Clary en 1995 dans une quadrangulaire avec deux listes de droite et le Front National, avant d'être reperdue en 2001. Alès est perdue en 1989 au profit d'une alliance des socialistes avec le centre-droit, et n'a jamais été reprise. Enfin, Beaucaire a été perdue en 1983 et le PCF n'y conserve plus qu'une influence résiduelle.
Dans la catégorie des villes de moins de 9 000 habitants, le PC a perdu 4 autres mairies dont deux dans des communes de plus de 5 000 habitants, Aigues-Mortes et Saint-Christol-lès-Alès. Alors que reste-t-il de son influence municipale ? La carte ci-dessous offre un premier élément de réponse.




Le PC conserve la direction de deux villes de plus de 3 500 habitants, Aramon et La Grand-Combe. Surtout, il dirige toujours un important nombre de petites communes, préservant ainsi son influence dans l'ancien bassin minier au nord d'Alès, et dans la périphérie nord de Nîmes. C'est cette influence dans les petites communes qui lui permet de toujours exister au niveau local voire national. Rappelons en effet qu'en 2007 encore le PCF était présent au deuxième tour dans deux circonscriptions, celles de Nîmes et d'Alès, où le poids de ses élus locaux le préserve  provisoirement de la disparition.
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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 16:24

Le Cher est un autre département, avec l'Allier, où le PCF a su conserver une implantation locale forte. Dès les années 1920, le Cher fait partie des territoires où le PCF rencontre le plus de succès. Le parti communiste reprend à son compte une longue tradition de gauche de ce département d'abord républicain puis socialiste. Il s'appuie à la fois sur un vote rural "rouge" et sur un vote ouvrier révolutionnaire concentré dans les grandes villes du département. C'est notamment le cas de la ville de Vierzon conquise par le PC dès sa création par la fusion de quatre communes en 1937.
L'influence communiste s'exerce ici, à la différence de l'Allier, à tous les échelons de la vie politique. Au plan national, le premier député communiste sous la V° République est élu en 1967 dans la circonscription de Saint-Amand-Montron, mais il est battu dès 1968. Jacques Rimbaud, alors maire de Bourges, est par la suite élu en 1981 dans la circonscription de Bourges et réélu à la proportionnelle en 1986. Le redécoupage de 1988 déplace la circonscription du député communiste puisqu'elle n'est plus centrée sur Bourges mais sur Vierzon. Réélu en 1988, il perd son siège lors de la vague bleue de 1993. L'absence de député communiste ne dure cependant pas puisque Jean-Claude Sandrier est élu dès 1997 dans cette même deuxième circonscription autour de Vierzon. Il est réélu en 2002 et en 2007 avec plus de 57 % des voix au deuxième tour. La carte ci-dessous permet de visualiser la circonscription communiste.


Au niveau du département, le PCF dispose d'une densité d'implantation très variable. 7 conseillers généraux sont issus de ses rangs à Bourges 1, Chârost, Graçay, Les Aix-d'Anguillon, Sancergues, Vierzon 1 et 2. Dans quatre de ces cantons il dépasse les 40 % des exprimés au premier tour (à Bourges 1, Graçay, Les Aix-d'Anguillon et Sancergues), ainsi qu'à Bourges 2 bien qu'il ne détienne pas ce canton. Il conserve ainsi une influence forte dans des espaces urbains (Bourges et Vierzon), comme dans des cantons plus ruraux. Il dépasse 30 % des exprimés au premier tour dans trois cantons, et 20 % quatre autres.
Si le PCF dispose de zones de force importantes et vivaces, il est paradoxalement en situation de grande faiblesse dans une grande partie du département. Il ne dépasse pas 5 % des exprimés au premier tour dans onze cantons sur trente-cinq. Il est ainsi quasiment absent de la vallée de la Sauldre dans le nord du département et de la campagne au sud de Saint-Amand-Montron. Au contraire, les cantons de l'Ouest du Cher, entre Bourges et Vierzon, et les contreforts du massif central dans le Sancerrois, constituent le coeur de sa zone de force. Longtemps dominant au conseil général, le PCF a été récemment dépassé par un PS en pleine montée en puissance qui, avec neuf élus, a obtennu la présidence du conseil en 2004 au détriment de l'UMP, toujours première force politique du département avec 10 conseillers.


C'est cependant l'échelon municipal qui a vu la plus forte remontée du PCF. Dominant dans les années 1970, le parti communiste dirigeait alors Vierzon depuis 1959 (la ville avait été perdue en 1947) et Bourges depuis 1977. Il perd cependant ses deux mairies après le départ de leurs maires historiques, Vierzon en 1990 après le départ de Fernand Micouraud et Bourges en 1995 après le décès de Jacques Rimbaut en 1993.
Eliminé de l'échelon municipal pendant plus de dix ans, le PCF effectue un retour en force en 2008. Il gagne en effet Vierzon au premier tour avec plus de 57 % des exprimés. Cette victoire voit l'émergence d'une génération de jeunes élus autour du nouveau maire et conseiller général de 41 ans, Nicolas Sansu. Elle laisse espérer un renouvellement possible du député Jean-Claude Sandrier en 2012, qui sera alors âgé de 67 ans.
Le PCF a en revanche assez nettement décliné à Bourges au profit du PS. Il n'a pas réussi à reprendre la ville en 2001 et a du laisser la tête de liste à son concurrent de gauche en 2008. Celui-ci détient désormais trois des cinq cantons de la ville contre un seul au PC et un à l'UMP. Les effets de la vague rose qui ont bouleversé le paysage municipal au niveau national n'ont cependant pas affecté Bourges où le maire UMP Serge Lepeltier est réélu au premier tour.
Le PCF est enfin à la tête de deux villes de 5000 habitants, Saint-Germain-du-Puy une banlieue de Bourges qu'il détient depuis 1977, et Saint-Florent-sur-Cher, un bourg rural conquis en 2008. Il conserve enfin la gestion d'un certain nombre de villages dans la région de Vierzon, appuyant son implantation locale dans la deuxième circonscription sur un réseau d'élus encore dense. Cette région apparaît même de plus en plus comme le dernier bastion berrichon du parti au niveau communal.

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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 17:03

A trois semaines du prochain scrutin européen, que peut espérer le PCF ? Il s'est engagé depuis octobre 2008 dans une démarche novatrice en recherchant l'unité à gauche du parti socialiste. Ce positionnement a donné naissance au front de gauche en alliance avec le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, des dissidents du NPA regroupés dans la "Gauche Unitaire" et différentes personnalités syndicales et associatives.
Je proposerai une analyse du scrutin européen en trois étapes : d'abord et c'est l'objet de ce billet, un récapitulatif des résultats du PCF aux élections de 2004 et des enseignements que l'on peut en tirer. Ensuite, une analyse du programme, des objectifs et des enjeux que représentent les élections de 2009 pour ce parti. Enfin, je ferai un bilan de ces différents points après les résultats en juin.

Les élections européennes du 13 juin 2004 ont présenté un bilan contrasté pour le PCF. Après les régionales en mars, elles ont constitué un deuxième signe du relèvement électoral du parti après le double échec de 2002. Le PC obtient nationalement 1 009 976 voix soit 5,9 % des suffrages exprimés, et deux élus en métropole (circonscriptions Nord-Est et Ile-de-France). Le pourcentage est en hausse par rapport aux législatives qui avaient eu lieu deux ans plus tôt. Cependant la baisse de la participation (le taux d'abstention est de 56,9 %) fait que le nombre d'électeurs communistes diminue entre ces deux élections.
Si l'on compare les résultats de 2004 avec ceux de 1999, l'impression de baisse est confirmée. A cette date, le PCF avait en effet obtenu 1 192 155 voix (baisse de 190 000 suffrages) et 6,8 % (perte de 0,9 point). Surtout, il décrochait alors six élus à la proportionnelle intégrale (les huit circonscriptions européennes sont créées par Jacques Chirac en 2004).

Une analyse plus détaillée des résultats fait apparaître que le vote communiste est loin d'être réparti de manière homogène sur le territoire. Il varie de 1,03 % dans le Bas-Rhin à 13,01 % dans l'Allier. Au niveau des grandes circonscriptions, les résultats communistes sont les suivants :
Nord-Est : 6,80 % des voix et 1 élu
Sud-Ouest : 6,46 %
Centre : 6,22 %
Ile-de-France : 6,04 % et 1 élu
Sud-Est : 5,06 %
Ouest : 4,10 %
Est : 2,91 %
D'autre part, le candidat du parti communiste réunionais avait obtenu 28,87 % des voix et avait été élu dans la circonscription outre-mer.
Ces résultats confirment plusieurs tendances de fonds de l'évolution du vote communiste depuis les années 1980. D'abord, le déclin se poursuit, les résultats de 2004 étant inférieurs à la précédente élection de même nature en 1999.
Ensuite, le PCF résiste mieux lors de ces élections intermédiaires (municipales, cantonales, régionales, européennes) que lors des élections nationales (présidentielles et législatives). Il y retrouve un niveau supérieur mais en baisse constante. L'érosion n'y est pas massive et brutale en quelques étapes comme lors des présidentielles (1981 : 15 %, 1988 : 6 %, 2002 : 3 %), mais lente et continue (11,20 % en 1984, 7,72 % en 1989, 6,89 % en 1994, 6,78 % en 1999, 5,9 % en 2004).
Sa géographie électorale bouge peu : il conserve ses zones de force mais réduites à la portion congrue tandis que ses zones de faiblesse s'étendent. On assiste donc pas à un déplacement du vote communiste mais à son affaissement général.
Enfin, l'implantation des élus locaux permet de ralentir l'érosion du parti. Ceux-ci jouent un rôle primordial pour le maintien de l'influence du PCF, en particulier les maires. Si l'on prend l'exemple de la boucle de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, on peut observer que trois communes pourtant voisines offrent des résultats très différents. A Gennevilliers où le maire et les deux conseillers généraux sont communistes, le PCF obtient 25,25 % des voix aux européennes de 2004. Dans la commune voisine de Colombes, perdue en 2001 mais où le parti communiste conserve un poste de conseiller général (sur trois cantons), il réalise 7,63 % des suffrages, au-delà de ses scores nationaux et départementaux mais bien moins que dans ses bastions. Enfin à Asnières, troisième ville de la boucle où le PCF a toujours été minoritaire, il obtenait 3,23 % des voix, moins que dans le reste du département, de la circonscription et qu'au niveau national.

Ainsi les élections européennes de 2004 confirment les enseignements déjà présents lors d'autres élections intermédiaires et nationales antérieures. Elles rappellent en particulier le rôle désormais fondamental de l'influence locale par les élus pour un parti qui risque la marginalisation. La construction du "Front de gauche" en 2009 peut être perçue comme une tentative, par la recherche de l'unité avec les autres composantes de la gauche non socialiste, de palier à ces faiblesses en sortant de l'isolement.

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 14:32

Le département de l'Allier est l'un des deux derniers départements métropolitains, avec le Val-de-Marne, à être présidé par un communiste. Le président du conseil général est ainsi Jean-Paul Dufregne depuis mars 2008. Cette victoire, a rebours de l'histoire récente du PCF, est en fait une réédition de la conquête de 1998 qui avait vu le communiste Jean-Claude Mairal présider le conseil général jusqu'en 2001, date à laquelle il avait été battu par l'union républicaine du bourbonnais (majorité UMP et divers droite).
Le premier élément que l'on doit noter est que cette domination communiste ne s'exerce plus qu'au niveau local. Le parti comptait deux députés après le découpage de 1988 dans la deuxième circonscription autour de Montluçon et dans la troisième dans les campagnes du centre du département. Les deux dernières revenaient alors au PS. Le PCF a perdu une première fois ses deux députés après la vague bleue en 1993, mais il regagne ses deux sièges en 1997. Son influence décroit cependant aux élections législatives et il perd en 2002 la troisième circonscription au profit du PS. Plus urbaine, la deuxième est elle aussi perdue en 2007, toujours au profit du PS. Ces deux défaites ont eu lieu après le retrait du député sortant, André Lajoinie en 2002 dans la troisième et Pierre Goldberg, ancien maire de Montluçon, dans la deuxième.

Ainsi, depuis 2007, le communisme bourbonnais n'a plus de représentation à l'Assemblée Nationale, ce qui n'était plus arrivé depuis 1993. Le PS, toujours minoritaire aux élections locales, a ainsi su s'imposer face aux notables communistes. Le PCF a cependant gagné un siège de sénateur aux élections de 2008, signe de la vitalité et de la résistance de son implantation locale, dans les mairies et au conseil général.


Sur la carte ci-dessus (carte n°1), les mairies communistes sont indiquées en orange (village de moins de 3 500 habitants) et en rouge (villes de plus de 3 500 habitants). On peut clairement constater que le PC conserve une assise rurale forte dans les campagnes rouges du bourbonnais. Très tôt acquises au socialisme et au syndicalisme, elles passent au communisme entre 1936 (Front Populaire) et 1945 (Libération). Elles ne l'ont jamais vraiment abandonné depuis.
Au contraire, l'implantation urbaine du PCF a très largement décrue depuis les années 1980. Il est désormais marginalisé à Vichy (moins de 5 % des suffrages aux élections cantonales) et Moulins (entre 10 % et 15 % des voix aux élections cantonales). Surtout, il a perdu en 2001 la ville ouvrière de Montluçon qu'il détenait depuis 1977 et a échoué à la reprendre en 2008. Plus lourd de conséquences, il est désormais devancé par le PS dans tous les cantons de la ville, ce qui a été confirmé lors des dernières municipales. Enfin, il a perdu Domérat en 2008, une banlieue de Montluçon.
Le PCF ne conserve plus une influence importante que dans les banlieues des agglomérations (Cusset, dans la banlieue de Vichy, conquise en 2001 et Désertines dans la banlieue de Montluçon) et dans les bourgs ruraux (Varennes-sur-Allier).
La seconde carte ci-après représente les résultats du PCF au premier tour des élections cantonales de 2004 et de 2008 (les cantons sont en effet renouvelés par moitié), disponibles sur le site du ministère de l'intérieur. On retiendra ces résultats comme base pour analyser la géographie du vote communiste. Il reste à mentionner que les fonds de cartes ont été utilisés à partir du site internet http://www.atlaspol.com.
Le PCF détient actuellement neuf cantons dans l'Allier : Bourbon-l'Archambault, Chevagnes, Cusset-Nord, Ebreuil, Hérisson, Huriel, Le Montet, Lurcy-Lévis et Souvigny.



Les résultats présentés par la carte n°2 montrent bien la géographie départementale du PCF. Il obtient ses meilleurs résultats dans les campagnes rouges du centre du départment (Bourbon-l'Archambault, Souvigny), au coeur du bocage bourbonnais. Plus largement, l'ouest du département de l'agglomération montluçonaise à Moulins au Nord et Ebreuil au Sud constitue la zone de force du PCF. C'est d'ailleurs dans cette partie du département que le PC compte la plupart de ses élus (7 conseillers généraux sur neuf, à l'exception de Chevagne et Cusset-Nord). Il n'y obtient moins de 20 % des suffrages qu'à Commentry. A contrario, le PCF est moins implanté dans les petites montagnes du sud ouest du département, dont le comportement électoral est proche du
Puy-de-Dôme voisin.
Il faut cependant distinguer entre le déclin urbain du PC et la résistance de son implantation rurale. Ainsi, depuis 2004, le PCF a conquis trois cantons ruraux (Chevagnes, Le Montet, Lurcy-Lévis) et n'en a perdu aucun. A l'inverse, il a perdu six cantons à dominante urbaine (Montluçon Est, Nord-Est, Nord-Ouest, Ouest et Sud, ainsi que Moulins-Sud) mais n'en a repris aucun. Il est en particulier de plus en plus concurrencé par le PS qui le dépasse dans les villes (conquête de Montluçon Ouest et Nord-Ouest) mais reste dominé dans les campagnes.
Enfin, il faut noter que le PC n'occupe qu'une position très minoritaire dans l'est du département. S'il y détient quelques zones de force, en particulier Chevagne et dans une moindre mesure la ville de Cusset, il est globalement dépassé par une droite très présente (Saint-Pourçain-sur-Sioule, Varennes-sur-Allier, Escurolles, Gannat, Chantelle, les deux cantons de Vichy) et un PS en pleine progression (à Moulins, Yzeure, Le Donjon, Dompierre et Jaligny). Les radicaux conservent également une certaine influence, portés par le député Gérard Charasse. Ils détiennent ainsi Lapalisse et Cusset-Sud.

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13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 17:42

A l'issue des élections municipales de 2008 le PCF conserve, selon les chiffres de la direction nationale, la direction de 178 villes de plus de 3 500 habitants et d'un peu plus de 730 communes au total. Il subit donc un très léger tassement par rapport à 2001 puisqu'il dirigeait alors 183 villes de plus de 3 500 habitants et environ 780 communes.
Ces résultats, relativement stables, ont été le plus souvent perçus comme inespérés pour le PCF un an après des élections présidentielles calamiteuses (1,93 % des voix). Le PCF a par conséquent su conserver son implantation municipale, dernier rempart contre son érosion. La répartition précise selon l'importance de ces communes est la suivante :
11 villes de plus de 50 000 habitants
18 villes de plus de 30 000 habitants
9 villes de plus de 20 000 habitants

53 villes de plus de 9 000 habitants

60 villes de plus de 5 000 habitants

34 villes de plus de 3 500 habitants
Il est absent depuis 2001 des villes de plus de 100 000 habitants avec la perte de Nîmes et celle de Montreuil, qui venait de franchir ce seuil, en 2008. Le PC compte plus de 10 mairies de plus de 3 500 habitants dans cinq départements : Nord, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Bouches-du-Rhône. Il en compte plus de cinq dans quatre autres départements : Seine-Maritime, Meurthe-et-Moselle, Isère, Essonne. On retrouve ici la géographie classique de l'implantation du PCF : dans le bassin minier du Nord, dans la banlieue parisienne, dans la vallée du Rhône et sur le pourtour méditeranéen.

Au-delà de ces continuités, le scrutin de mars 2008 a indéniablement vu émerger des tendances nouvelles. Pour la première fois depuis le succès de l'union de la gauche en 1977, le parti communiste a gagné plus de villes de 9000 habitants qu'il n'en a perdue (91 contre 86 en 2001). Cette progression a néanmoins été infirmée par le recul dans la tranche des villes de 3 500 à 9 000 habitants. Ces conquêtes ont parfois été le fait d'anciens maires ou d'édiles locaux reconnus, mais agés. C'était le cas à Saint-Claude (39), Villerupt (54) et Marly (59) (reprises par l'ancien maire après une défaite en 2001), ou encore à Brignoles (83) conquise par l'ancien conseiller général du canton.
La principale nouveauté, la plus porteuse d'avenir pour le PC, a été le succès souvent large de jeunes candidats dans des villes ou l'implantation du parti est ancienne mais avait déclinée. Ces conquêtes semblent indiquer une inversion des dynamiques locales autour de jeunes édiles populaires et amorçant un regain plus général du PC. Les succès aux élections municipales sont en effet doublés d'une progression aux autres élections locales et nationales. La reconquête de Vierzon (18), Dieppe (76), Villepinte (93) ou Villeneuve-Saint-Georges (94) s'inscrit dans ce mouvement.
Enfin, dernier élement du renouveau partiel du PC, celui-ci a connu pour la première fois depuis 1977 des succès dans des villes qu'il n'avait jusqu'alors jamais dirigées. C'était en particulier le cas à Quéven (56), Aubière (63) ou Roissy-en-Brie (77).

Ces élections ont également voire surtout été marquées par des nouveautés inquiétantes pour le PCF. D'abord, l'abstention reste un phénomène de masse touchant particulièrement les catégories populaires concentrées dans les villes dirigées par le PC.
Surtout, les élections de 2008 sont remarquables par le refus, nouveau, d'une partie importante de l'électorat de gauche de voter pour les listes menées par des candidats communistes. Certes la plupart des primaires imposées par le PS au premier tour ont tourné en faveur des candidats communistes, à l'exception notable de Denain (59), Maromme (76) et Pierrefitte-sur-Seine (93), toutes villes de plus de 15 000 habitants.
Cependant, le maintien de ces primaires au second tour a été beaucoup plus difficille pour le PC. Il a d'abord été général, traduisant une volonté non pas nouvelle mais accrue du PS de "sortir" les communistes, au besoin en s'appuyant sur un électorat conservateur. Il a de plus engendré des défaites plus nombreuses et plus symboliques qu'au premier tour, dans des villes plus grandes : à Aubervilliers et à Montreuil (93), villes de 70 000 et 100 000 habitants notamment.
Enfin, force est de constater que même lorsque le candidat communiste l'emporte, les listes socialistes progressent s'appuyant d'une part sur un électorat conservateur souhaitant battre le PC et sur un électorat de gauche refusant désormais de reporter ses suffrages sur des candidats communistes, même lorsque ceux-ci sont arrivés en tête au premier tour. C'était en particulier le cas en Seine-Saint-Denis à Bagnolet, Le Blanc Mesnil, La Courneuve, Saint-Denis mais aussi en province à Gisors dans l'Eure ou encore à Hennebont dans le Morbihan.

Enfin, il faut noter que le PC a échoué à reprendre de nombreuses mairies où la victoire semblait possible. C'était le cas au Havre et à Nîmes, deux villes de plus de 100 000 habitants mais aussi dans plusieurs villes de plus de 30 000 habitants : Sète, Alès, Corbeil-Essonnes, La Ciotat.
Plus grave, il est devancé par le PS dans de nombreuses villes ou il était jusque-là dominant à gauche : à Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis, à Montluçon dans l'Allier, à La Seyne-sur-Mer dans le Var...

Ainsi, si les municipales de 2008 se sont avérées meilleures que prévues pour le PC, permettant de caresser des espoirs de reconquêtes lorsque le parti avait su renouveler ses candidats, elles ont également confirmé voire amplifié les tendances profondes à l'affaiblissement. L'aire géographique de l'influence communiste se réduit toujours plus sous le double mouvement de son incapacité à vaincre les maires de droite sortants et des progrès du PS dans ses terres d'élections traditionelles. La poursuite de son affaiblissement profond et les difficultés à renouveler des édiles vieillissants mais reconnus et populaires interroge par conséquent quand à la capacité du PCF à conserver durablement son périmètre d'implantation municipale en l'absence de dynamique nationale favorable.

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