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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 18:51

La Meurthe-et-Moselle présente un visage particulier pour le PCF puisque c'est le seul département de l'Est de la France oùil conserve aujourd'hui une forte influence. La Lorraine et la Champagne-Ardennes avaient pourtant été des régions où le parti communiste était puissant dans les années 1970. Comparativement à son poids passé, c'est dans ces régions qu'il a le plus décliné, souffrant de l'effacement rapide et spectaculaire d'une classe ouvrière combative, dans les secteurs miniers (en particulier le fer en Lorraine) et métallurgiques (autour de Longwy, Charleville, Metz, Thionville...).

Le déclin des centres industriels a partout marqué un recul du Parti qui l'a parfois poussé jusqu'à la quasi-disparition, en particulier en Moselle autour de Metz et Thionville. A l'inverse, il a conservé une puissance certaine dans le Nord de la Meurthe-et-Moselle.

Le département peut en effet être découpé en deux "morceaux" : au sud, la majeure partie de l'ancien département de la Meurthe, où le PCF a toujours été marginal. Au nord, dans le corridor séparant Meuse et Moselle, une série d'anciennes villes industrielles en reconversion. Ici comme ailleurs, la sidérurgie et les mines ont décliné. La rancoeur des populations contre la gauche était forte dans les années 1980, lorsque la présidence Mitterrand entérinait la fin de la sidérurgie française.

Comment expliquer la différence entre le maintien de positions de force importantes en Meurthe-et-Moselle et leur quasi-disparition dans les Ardennes et en Moselle ?

 

La première raison que l'on peut évoquer est historique. Alors que les cinq députés communistes élus dans les Ardennes et en Moselle en 1978 sont battus dès 1981, la représentation communiste au Parlement est plus durable en Meurthe-et-Moselle.

Le département a envoyé de manière continue un député communiste à l'Assemblée Nationale entre 1962 et 1986, et même deux en 1978. Cette implantation plus profonde a donc été plus durable, et a mieux résisté face au déclin. Depuis 1986, si le PCF n'a plus de député dans le département, il y réalise toujours de bon résultats dans les circonscriptions de l'ancien bassin métallurgique (entre 15 et 20 %), très au-dessus de sa moyenne nationale.

Surtout, il conserve une sénatrice, élue du nord du département.

 

Cette présence parlementaire repose sur un réseau d'élus locaux encore vivace. On retrouve encore une fois ce qui a été le moteur principal du PCF au cours de sa longue période de repli, les élus locaux. La carte des résultats aux élections cantonales de 2011 est significative :

 

  Résultats PCF Meurthe-et-Moselle 2011

 

 

La coupure entre nord et sud du département, qui recoupe une ancienne coupure interne au PCF séparant les deux fédérations du nord et du sud Meurthe-et-Moselle, est nette. Au nord, tous les résultats au-dessus de 30 % des suffrages exprimés sauf un (canton de Bayon). Au sud, tous les résultats inférieurs à 10 % des suffrages sauf deux (Longwy-centre où le PCF ne présente plus de candidat depuis qu'il a perdu la mairie et Longuyon, sociologiquement décalé par rapport aux cantons voisins).

Les résultats sont restés stables à des hauts niveaux au cours des années 2000, avec quelques variations. Ainsi en 2011 le vote communiste a progressé à Villerupt, dans la foulée de la victoire aux municipales en 2008 (reconquête de la ville-centre du canton, perdue en 1995), alors qu'il a baissé à Mont-Saint-Martin.

La coupure est tout aussi nette en terme d'élus : au nord, sept conseillers généraux communistes pour neuf cantons, au sud, un seul pour 35 cantons.

 

Comme pour les parlementaires, cette vitalité du PCF au conseil général repose sur la force de son réseau municipal d'élus. Le Parti compte encore 22 mairies dans le département dont 6 ayant plus de 3 500 habitants. La plus grande, Villerupt, compte 10 000 habitants. Ces mairies sont dans leur immense majorité regroupées dans l'ancien bassin métallurgique de Longwy :

 

 

Communes PCF Meurthe-et-Moselle

 

La Meurthe-et-Moselle est donc un exemple-type des départements dans lesquels le vote communiste subsiste à l'échelon local autour d'élus dynamiques et reconnus, tandis qu'il a décliné au niveau national pour tomber à 15 % environ lorsqu'il est porté par un élu du cru (aux législatives), et encore moins aux présidentielles.

Le bilan est donc sévère : si l'action locale des communistes est toujours reconnue, leur projet national n'est plus entendu. Dans ce contexte, la dynamique du Front de Gauche a ici été peu probante, bien que soutenue par les élus et les militants. Aux européennes, le FdG a obtenu plus de 5 % des voix dans le département (le seul dans ce cas en Lorraine), mais sans parvenir à percer réellement. Aux élections régionales, le PCF a participé au premier tour à la liste d'union de la gauche avec le PS, limitant ainsi la dynamique de l'alliance.

Si les résultats dans le département sont peu flatteurs, ils sont meilleurs si l'on considère la zone de force du PCF, dans le nord du département. Le FdG a ainsi obtenu 23 % des voix à Villerupt en 2009, 16 % à Jarny et 14 % à Mont-Saint-Martin, les trois plus grandes villes communistes, contre respectivement 21 %, 14 % et 9 % en 2004.

Soutenue par les élus, la démarche du FdG a comme ailleurs permis de mettre fin à l'érosion des positions communistes. L'absence de liste aux régionales et la faiblesse générale du Parti dans la région, à l'exception de cette zone de force géographiquement restreinte ont pour l'instant limité les possibilités de confirmer et de renforcer cette première dynamique.

Les élections de 2012 (présidentielles et législatives) ont maintenu le statu quo pour le parti qui n'a pas pu regagner la 3ème circonscription (couvrant la partie Nord du département). Le résultat du candidat du Front de Gauche (7500 voix et 18,4 % en 2012) est même resté sensiblement le même que celui du candidat communiste de 2007 (6600 voix et 18,5 %). L'augmentation du nombre de suffrages obtenus a ainsi été effacé par la hausse simultanée de la participation.

Tout l'enjeu pour le PCF est maintenant de parvenir à maintenir son réseau d'élus aux élections municipales de 2014 et cantonales de 2015.

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 18:42

Enfin une vraie progression pour le Front de Gauche ! Après la stabilisation opérée aux élections européennes de 2009 (voir l'article) et le semi-succès des régionales de 2010 (voir les articles sur la France, le massif central, l'Ile-de-France et le pourtour méditerranéen), le Front de Gauche s'offre son premier vrai succès électoral.

Avec 7,91 % des suffrages exprimés au premier tour le PCF dépasse seul son résultat de 2004 sans même tenir compte des 1,01 % du PG, ce qui porte le total du Front de Gauche à 8,92 % (le ministère de l'intérieur a comptabilisé les deux résultats à part puisque, à la différence des deux élections précédentes, les cantonales étaient des élections uninominales).

Au deuxième tour, le Front de Gauche a su conserver sa dynamique. A lui seul, le PCF obtient 113 conseillers généraux sur cette série (96 sortants) portant son total à 220, sans même compter la trentaine d'élus du Front de Gauche non communiste (majoritairement PG, secondairement ADS dans la Haute-Vienne). Rappelons pour faire bonne mesure que c'est la première fois qu'il progresse en nombre de conseillers généraux depuis 1976. Le PCF conserve la présidence de ses deux départements, le Val-de-Marne et l'Allier, et augmente sa majorité dans les deux cas. Dans la banlieue de Paris en particulier il a su résister au coup de force mené par EELV qui comptait bien se faire élire avec les voix de la droite et de l'extrême-droite contre les communistes et qui a été sanctionné par les électeurs, puisque battu dans tous ses duels avec le PCF, aussi bien dans le 93 que le 94.

Ainsi et indéniablement, ces élections cantonales ont marqué un vrai succès pour le Front de Gauche, largement porté par le PCF et son implantation locale. Le PCF progresse aussi bien en terme d'élus dans ses départements de très forte implantation (+1 canton dans le Val-de-Marne, +1 dans la Seine-Saint-Denis, +2 dans le Nord, +1 dans le Pas-de-Calais, +1 dans l'Allier, +2 dans le Puy-de-Dôme) qu'en voix dans ses départements de plus grande faiblesse.

 

Immédiatement et pour ne pas sombrer dans l'euphorie, il faut apporter quelques limites à ce constat très positif. D'abord, un certain nombre de sortants ont été battus et le PCF continue son repli dans certaines régions (Dordogne avec encore un canton perdu soit 7 élus de moins depuis 1998, Bretagne avec 2 élus en moins soit 6 de moins qu'en 1998, Var). Surtout, ces résultats ont été obtenus dans un scrutin marqué par une très forte abstention et par la force du vote local. Plus qu'une dynamique nationale, ce succès démontre ainsi la vitalité de la présence communiste en France, incarnée dans ses réseaux d'élus, qui peut servir de support pour la campagne de 2012.

Il apparaît également clairement que le PCF obtient ses meilleurs résultats là où il dispose de maires. L'échelon municipal est, avec le cantonal, celui où le PCF reste le mieux implanté avec près de 700 maires dont 90 dans des villes de plus de 9 000 habitants. De manière symptomatique, on notera que nombre de victoires aux cantonales ont ainsi lieu dans des espaces où les maires communistes sont soit très bien implantés, soit où des maires viennent d'être élus (Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne).

 

Cantonales-2011--2-.GIF

 

La carte ci-dessus présente les résultats du Front de Gauche (et donc pas seulement du PCF) aux élections de mars dans les départements. La progression par rapport aux régionales est nette, mais elle doit être relativisée puisqu'elle repose d'abord sur la très bonne implantation locale des communistes. Un certain nombre de résultats très élevés s'expliquent ainsi par une concentration des voix communistes dans un nombre réduit de cantons sortants. C'est par exemple le cas de la Meurthe-et-Moselle (5 élus sortants réélus), de la Dordogne (4 élus sortants dont 3 réélus) ou encore de la Lozère (1 sortant réélu à 100 % au premier tour, mais qui pèse lourd compte tenu du faible poids démographique du département). La Vienne, le Loiret, l'Aisne, l'Essonne, le Jura se trouvent dans de telles situations. Il convient donc de ne pas sur-interpréter ces résultats.

Pour autant, un certain nombre de dynamiques favorables sont confirmées ou se font jour. On notera d'abord la très bonne tenue du vote communiste en Auvergne et en Limousin dans la lignée des régionales. Le PCF se maintient dans l'Allier (baisse à Montluçon, progression dans le bocage bourbonnais), progresse en voix et en élus dans le Puy-de-Dôme, la Haute-Vienne, la Corrèze, le Cher (même dynamique bien que situé dans la région Centre) et signe un résultat très encourageant dans le Cantal (terre historiquement de droite où l'on dépasse les 8 %).

Inversement, un certain nombre de résultats apparemment défavorables s'expliquent par la stratégie de certaines fédérations communistes de présenter peu de candidats dans les cantons, en raison d'accords avec les socialistes (dans l'Yonne) ou de lacunes dans l'implantation locale (les deux départements corses où le PCF dépassait pourtant les 10 % aux régionales avec une participation sensiblement supérieure). Dans la Somme, le faible résultat s'explique par l'effondrement de la fédération communiste, divisée par « l'affaire Gremetz » et la scission de « Colère et Espoir », son parti. Conséquence, les trois sortants communistes sont battus et Maxime Gremetz échoue à se faire élire à Amiens. On est là dans le cas d'une tendance lourde au repli du PCF du fait de ses divisions départementales.

 

Enfin, il reste à envisager les perspectives laissées par cette élection. Ces bons résultats locaux permettent d'abord de replacer le PCF en position de force pour les élections sénatoriales où nous avons 18 sortants en 2011 et que le PS ne veut pas reconduire au profit d'EELV (pourtant très nettement moins bien implanté en terme d'élus locaux). Sur la base de ses 9 %, le Front de Gauche peut en outre envisager un résultat correct à la présidentielle si les réseaux d'élus désormais confirmés à tous les niveaux (régions, départements, communes) sont mobilisés efficacement au cours de la campagne.

A plus long terme (précisément 2014), ces élections sont porteuses d'espoir de reconquête pour les élections désormais existentielles pour le PCF, les municipales. Les résultats des cantonales ont bien montré, on l'a dit, la force de l'implantation des maires communistes et leur poids pour les résultats du Parti, désormais sensible à tous les scrutins. Or, nos résultats en hausse placent clairement les élus communistes dans une dynamique positive dans plusieurs villes (Calais, Aubervilliers, Montreuil pour les plus grandes mais aussi Tarbes voire Valenciennes et Alès). Le PCF semble également dominant à gauche au Havre et à Nîmes, deux villes où droite et extrême-droite sont toutefois très fortes. Au-delà des grandes villes, il faut insister sur le poids des maires des petites communes qui ont permis nombre de conquêtes (en Indre-et-Loire, dans les Hautes-Pyrénées).

Il semble ainsi que le PCF, s'il veut amplifier sa remontée nationale et le retour dans la société française des idées qu'il porte, doit désormais penser en terme d'élus locaux. C'est par les maires et derrière eux les politiques menées dans les villes et les villages, véritables instruments politiques au service du Parti, que le PCF pourra de nouveau rendre sensible ses idées dans la société française.

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 18:47

 

J'ai déjà étudié l'histoire de la banlieue rouge jusqu'à la disparition des conditions historiques qui avaient vu son succès (force et concentration dans l'espace de la classe ouvrière, vitalité de la conscience de classe, modèle soviétique qui offre une perspective de changement social dont la gestion municipale n'est qu'un avant-goût). Ces conditions sociales, économiques et politiques disparaissent au tournant des années 1980 après avoir été profondément mises à mal dans les années 1970, sans que les effets ne s'en soient fait ressentir sur l'implantation politique du PCF.

Les grandes usines de production de région parisienne disparaissent en effet massivement dans les années 1980 tandis qu'entre 1989 et 1991 le modèle politique du PCF (dont il ne s'était jamais réellement détaché) disparaît. Autant dire que dès 1989, ces bouleversements mettent fin à ce qui a fait la banlieue rouge. Après cette date, il semble plus juste de parler de communisme municipal, même si le terme est souvent récusé par les élus.

 

Déclin du PCF, déclin de l'électorat

On connait les bases qui ont fait la banlieue rouge jusqu'en 1989. Quelles sont celles du communisme municipal depuis ? Avec la disparition de l'empreinte ouvrière, ce sont aussi les repères traditionnels des élus communistes qui disparaissent. Ceux-ci doivent donc réinventer leur projet politique alors que le contexte politique des années 1990 est défavorable.

Le PCF est d'abord marqué dans les médias et auprès des électeurs par l'échec de l'URSS. Il ne faut cependant pas exagérer l'impact de ce phénomène. Beaucoup plus grave est la disparition de l'assise populaire des élus communistes. La plupart des maires communistes peuvent s'appuyer dans les années 1960 et 1970 sur un socle électoral souvent supérieur à 40 % des électeurs inscrits, sans compter le poids des alliés ni de l'abstention (on parle d'inscrits et non de votants). L'hégémonie du PCF est telle dans ces villes que l'on peut presque parler d'un « parti unique » en milieu démocratique.

Or, cette assise est profondément fragilisée par le double phénomène de la montée de l'abstention et du Front National. On ne tombera pas dans l'analyse caricaturale qui veut que les électeurs communistes soient passés avec armes et bagages dans le camp du FN au cours des années 1980 et 1990. D'abord ce transfert n'a jamais été démontré, ensuite les études locales tendent plutôt à montrer que l'électorat FN des années 1990 vient de tous les partis et des abstentionnistes. La cause de la déperdition d'électeurs communistes est ainsi plutôt à chercher du côté de l'abstention, qui explose depuis 1981.

Le processus a récemment trouvé son aboutissement lors des élections municipales (2008), européennes (2009) et régionales (2010). Dans les quartiers populaires de la banlieue parisienne, il n'est désormais pas rare de voir l'abstention concerner 70 % à 90 % du corps électoral. Les taux d'abstention moyen dans les communes sont souvent supérieurs à 50 %, parfois à 60 %. La conséquence pour le PCF est que la frange traditionnellement la plus compacte et la plus sûre de son électorat, celle composée d'ouvriers et d'employés, ne vote plus. Les raisons de cette abstention sont nombreuses, mais on insistera sur la dépolitisation des milieux populaires porté dans les cités par le sentiment d'abandon.

Le communisme de banlieue parisienne a ainsi connu un cercle vicieux, qui a vu son électorat disparaître et son recrutement militant se tarir car les ressorts classiques de l'adhésion étaient enrayés. Affaiblie, la structure du parti s'est repliée et s'est faite moins présente, contribuant au sentiment d'éloignement des populations, y compris avec le PCF. Seuls les élus assurent le lien durable avec les populations désormais, et ce lien ténu est affaibli par l'abstention.

 

Le communisme municipal depuis 2001, histoire d'une déroute

Privé de son électorat, de ses ressources (la désindustrialisation de la banlieue a privé les communes de l'essentiel de leur taxe professionnelle), de ses militants et de ses réseaux auprès de la population, le communisme de banlieue sort profondément affaibli de la décennie 2000. Les élections municipales de 2001 révèlent au grand jour cet affaiblissement. La défaite du PCF est accrue par l'effet conjoncturel du désaveu de la participation au gouvernement Jospin.

La défaite est d'autant plus lourde et mal vécue qu'elle touche le cœur de ce qui constituait la banlieue rouge, alors que les années 1980 et 1990 n'avaient attaqué pour l'essentiel que les conquêtes récentes (après 1965) et les villes de grande banlieue. En 2001, le PCF perd Drancy et Argenteuil (conquises en 1935), Pantin (1959) et Colombes (1965). La défaite est plus lourde encore dans les villes de province. Désormais, le communisme municipal est relégué aux marges de l'agglomération parisienne. Il ne contrôle plus la moindre ville de plus de 100 000 habitants. La carte suivante résume cette situation.

 

Mairies-2001.gif

 

 

Si le PCF est encore bien implanté en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, cette présence n'est plus que la réminiscence de sa puissance passé. Dans ce contexte, les élections municipales de 2008 suscitent les plus grandes craintes, d'autant que le PS impose de nombreuses primaires au premier tour dans les mairies communistes sortantes, espérant s'y imposer après les calamiteuses élections de 2007.

Un affrontement entre PS et PCF a ainsi lieu au premier tour à Saint-Denis, Aubervilliers, La Courneuve, Pierrefitte et Bagnolet pour l'essentiel. Plus grave encore les listes socialistes, bien que battues dans toutes ces villes (sauf Pierrefitte) se maintiennent au second tour. Profitant des voix de droite, elles l'emportent à Aubervilliers tandis que la verte Dominique Voynet fait de même à Montreuil.

Contrairement à la situation du communisme municipal en province, les élections de 2008 n'ont annoncé aucun signe de redressement du PCF en banlieue parisienne. Celui-ci reste durablement affaibli par l'abstention, qui rend possible le basculement même des villes les plus sûres compte tenu du faible nombre de votants. Dans une telle situation, un petit déplacement de votes peut faire perdre une équipe sortante. C'est notamment ce qui s'est passé à Aubervilliers.

Le PCF l'emporte dans quelques communes (Roissy-en-Brie dans le 77, Villepinte dans le 93, Villeneuve-Saint-Georges dans le 94), mais aucune ne dépasse les 50 000 habitants, alors que deux des trois villes perdues comptaient plus de 80 000 habitants (Aubervilliers et Montreuil). Ainsi, malgré ces conquêtes la taille de la population administrée par le PCF au niveau municipal a été réduite.

 

Surtout, les élections locales de 2008 ont vu disparaître un des éléments clé du système municipal communiste de banlieue, à savoir le conseil général de Seine-Saint-Denis. Celui-ci bascule au profit du PS alors qu'il était dirigé par le PCF depuis sa création en 1968. Par les subventions et la politique sociale qu'il menait, le conseil général était un instrument majeur au main des communistes pour servir les populations et ainsi se faire reconnaître. Cet instrument disparaît dans le 93 et n'est plus aux mains du PCF que dans le Val-de-Marne.

Enfin, le double échec lors des élections partielles de 2010 (à Noisy-le-Sec et Corbeil-Essonnes) est le signe de l'incapacité profonde du PCF à reconquérir le terrain perdu, ou du moins de sa difficulté particulière à le faire.

 

Les mairies communistes se distinguent traditionnellement par leurs politiques sociales généreuses mais aussi par des politiques culturelles et sportives ambitieuses, ainsi que par des politiques de défense des activités économiques dans les territoires. Ce volet doit être maintenu, tout comme les prises de position en faveur du vote des étrangers aux élections locales, qui apporterait probablement un souffle nouveau au PCF. Il faut toutefois y ajouter un devoir pour les élus et les militants de réinvestir dans la durée les territoires de l'abstention, au premier rang desquels se trouvent les cités. Ce n'est que par la présence quotidienne militante, associative, syndicale, que le PCF peut espérer reconquérir le terrain perdu dans les mairies qu'il dirige encore, comme dans les villes qu'il a perdu.

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 16:32

Terre d'élection par excellence du PCF jusque dans les années 1970, la ceinture rouge de Paris s'est réduite avec le déclin électoral amorcé en 1981 jusqu'à ne plus représenter que l'ombre d'elle-même. Une question légitime peut même se poser : la banlieue rouge existe-t-elle encore en 2010 ?

 

Rappel historique

La notion de « banlieue rouge » émerge en 1924 lorsque Paul Vaillant-Couturier baptise de ce nom dans L'Humanité les mairies communistes de banlieue parisienne prises par le PCF. Il décrit alors une réalité sociale, économique et politique de communes de banlieues très majoritairement composées d'ouvriers, dont l'économie repose sur de grandes usines de production (automobile, métallurgie, aviation, électricité en sont les piliers) et dont la vie politique est dominée par les communistes, ce qui est nouveau pour l'époque.

Je ne reviendrai pas dans le détail sur le processus historique qui a vu la lente maturation de la ceinture rouge de Paris, et j'en rappellerai simplement les grandes étapes. La première intervient avec le Front Populaire. Devant la menace fasciste et suite à l'effondrement du KPD (Parti communiste allemand) en 1933 après la prise de pouvoir par Hitler, les Partis communistes européens changent leur stratégie politique et adoptent la ligne des fronts populaires, à l'initiative de Staline. En France, cette volonté nouvelle d'union avec le reste de la gauche se traduit aux élections municipales de 1935 par une alliance entre PCF, SFIO et Radicaux préfigurant le Front de 1936.

La nouvelle stratégie communiste rencontre alors l'aspiration du prolétariat français à l'unité. Elle se traduit dans les urnes par un succès majeur du PCF qui remporte près de 300 municipalités dont 31 villes de plus de 20 000 habitants. Ce succès repose avant tout sur une extension de la banlieue rouge, qui passe de 9 à 26 mairies communistes dans la Seine et de 6 à 29 en Seine-et-Oise (voir la carte). Ce succès municipal suit ainsi la géographie électorale et de l'implantation militante du PCF. Il offre aux communistes un point d'appui exceptionnel, dont ils sauront se servir au cours de leur histoire et qui leur permet de développer des politiques sociales ambitieuses (vacances pour les jeunes, logement social...), vitrine de leur projet de société.

 

Mairies 1935

 

Le succès de 1935 est renouvelé en 1945-1947. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le PCF bénéficie d'une image très favorable dans la société française du fait de son implication dans la Résistance et du prestige de l'URSS depuis la victoire de Stalingrad. Il est alors à l'apogée de sa puissance électorale avec 28,6 % des suffrages en juin 1946. Cette assise nouvelle lui permet de conquérir plus de 1 500 mairies lors des élections municipales de 1945. Dans le contexte de guerre froide qui survient dès 1947, il perd cependant rapidement la plupart de ces mairies. Il est en effet isolé et, dépourvu d'alliance, ne conserve que les communes dans lesquelles il obtient seul plus de la moitié des voix.

Cette assise amoindrie ne l'empêche pas de progresser dans la Seine entre 1947 (carte n°2) et 1935.

 

Mairies-1947.gif

 

Un troisième temps dans l'histoire de la ceinture rouge de Paris intervient avec les années 1950 à 1970. Ces décennies sont marquées par l'extension spatiale et numérique de la banlieue parisienne. Elles voient également le PCF progresser sans cesse à chaque élection municipale dans la région parisienne. La naissance de la V° République en 1958 marque en effet une rupture majeure avec le changement du scrutin aux élections législatives, qui passe de la proportionnelle au scrutin majoritaire à deux tours dans des circonscriptions. La conséquence pour le PCF est que, isolé dans le paysage politique, il perd ses députés (de plus de 150 à 10 entre 1956 et 1958).

Il doit donc, pour retrouver sa représentation parlementaire, renforcer son implantation locale dans les circonscriptions et faire des alliances. Cette double nécessité lui ouvre les portes de la gestion municipale dans de nombreuses villes de banlieue parisienne, où il devient majoritaire seul ou avec ses alliés (FGDS de François Mitterand notamment). Son implantation municipale en banlieue bénéficie surtout à partir de 1972 de la signature du Programme commun de gouvernement avec le PS. Cette alliance lui permet de conquérir des villes où il pèse un poids important mais où il n'est pas hégémonique.

La banlieue rouge connait alors son apogée en 1977 lors des élections qui voient le triomphe de l'union de la gauche (carte n°3). La banlieue rouge est alors composée de trois catégories de villes :

- les mairies conquises dans les années 1920, en 1935 et en 1945. Conservées durant les années d'isolement, ce sont celles où le PCF est majoritaire seul. Elles sont très homogènes, formatées par l'empreinte ouvrière et industrielle.

- les mairies conquises en 1959 et 1965. Elles sont plus diversifiées, comprennent les premiers grands ensembles (conquête de Sarcelles en 1959) et des villes de grande banlieue (Sartrouville et Corbeil-Essonnes en 1959) ainsi que des villes à la population moins exclusivement ouvrière (Colombes et Levallois en 1965).

- Les mairies conquises en 1971 et 1977. Ce sont les conquêtes de l'union de la gauche, les plus fragiles pour le PCF qui est ici dépendant de ses alliés. Elles sont aussi les plus nombreuses.

Au terme des élections municipales de 1977, le PCF dirige 72 villes de plus de 30 000 habitants sur 221 (22 de plus qu'en 1971). En région parisienne il conquiert 15 villes de plus de 20 000 habitants et domine la petite couronne, de manière écrasante en Seine-Saint-Denis. Cette victoire est particulièrement importante, la banlieue rouge s'affirmant comme une des grandes réserves de voix du PCF, et la terre d'élection constante de ses cadres depuis les années 1930 (Maurice Thorez, Georges Marchais à Villejuif, Robert Hue à Montigny-les-Cormeilles...)

 

Mairies-1977.gif

 

La quatrième phase dans l'histoire de la banlieue rouge est celle du déclin, depuis 1981. La concurrence du PS, la dégradation de l'image de l'URSS et les prises de position contestées du PCF (soutien à l'invasion de l'Afghanistan en 1979, crise des euromissiles en 1983), puis son association à la gestion gouvernementale après 1981 et à la déception qu'elle fait naitre dans les classes populaires, ruinent le capital électoral des communistes. Ceux-ci subissent un premier revers en 1981 avec 15 % des voix aux présidentielles et aux législatives (contre 20 à 22 % dans les années 1970).

Le déclin national du Parti communiste se traduit à l'échelon municipal. La banlieue rouge, terre d'élection historique du PCF, qui lui a fourni cadres, militants et électeurs durant ses années d'isolement de la guerre froide, n'échappe pas à la tourmente. Les conquêtes les plus récentes sont aussi celles qui sont le plus rapidement perdues, principalement en 1983 et 1989.

Après 1989, la banlieue rouge est pour l'essentiel ramenée à ses bases de départ des années 1950, c'est-à-dire aux fiefs historiques du PCF (carte n°4). Elle est cependant plus que jamais la pierre angulaire d'un communisme municipal affaibli, le PCF ayant en proportion reculé plus rapidement dans les grandes villes de province que dans les banlieues de Paris.

 

Mairies-1989.gif

 

On peut dire que dès 1989, la banlieue rouge a disparu dans sa forme historique. Ce qui fondait sa spécificité dans les périodes antérieures, à savoir l'adossement au modèle soviétique, a disparu. En outre, la gestion municipale des communistes longtemps originale est copiée par les autres partis qui en reprennent les thèmes, les pratiques, les innovations, et finalement la banalise. Elle subsiste cependant dans les faits et le PCF continue de gérer de nombreuses communes de banlieue parisienne.

Dans les années 1990, la banlieue rouge est repliée sur ses fiefs, et fonde son avenir sur le maintien en place d'élus vieillissants mais très populaires dans leurs communes. Dans un contexte d'affaiblissement général du PCF, les maires communistes ne sont en effet souvent réélus que grâce à leur propre notoriété. Cela pousse à les maintenir en place de longues périodes : il est courant sinon systématique dans les années 1990 pour les maires communistes d'avoir été élus dès les années 1970 voire les années 1960. Ce vieillissement des cadres va contraindre le PCF a un renouvellement qui va précipiter les défaites, en particulier en 2001.

J'étudierai plus particulièrement dans un deuxième article la situation actuelle de la banlieue rouge, en fait depuis les élections municipales de 2001 (inclues).

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 17:11

 

Deux élections municipales partielles doivent se dérouler les 5 et 12 décembre 2010 : à Corbeil-Essonnes (Essonne) et à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Ces deux élections seront un bon test à quelques mois d'élections cantonales importantes pour les communistes, qui comptent encore de nombreux conseillers généraux dans les départements. Ces deux scrutins auront en outre valeur de symbole dans deux villes de banlieue où les communistes sont encore puissants mais ont perdu les commandes respectivement en 1995 (Corbeil) et 2001 (Noisy). Dans les deux cas, ce sont deux conseillers généraux du PCF qui mèneront les listes Front de Gauche : Bruno Piriou, conseiller général de Corbeil-Essonnes-Ouest et Gilles Garnier, conseiller général de Noisy-le-Sec.

Ces deux élections revêtent cependant des traits particuliers.

 

Corbeil-Essonnes

Dans la ville de Serge Dassault, les élections municipales ont été une nouvelle fois annulées par le Conseil d'État (pour la deuxième fois depuis 2008 déjà) en raison d'irrégularités ayant entaché le scrutin (en l'occurrence, achat de voix et mention sur les bulletins de vote de l'UMP du nom de Serge Dassault, alors qu'il était inéligible). Le PCF et l'UMP sont au coude à coude dans cette ville populaire depuis de nombreuses années. La figure de l'avionneur a joué dans son implantation, mais c'est bien un système quasi-mafieux (achat de voix, subventions à des associations communautaires) dénoncé par le Conseil d'État en 2009 qui est en place et auquel se heurtent les élus de gauche.

Pour la première fois depuis la défaite des communistes en 1995, celle-ci partira unie derrière le candidat communiste, sur la base des résultats au premier tour de la dernière élection partielle en 2009. La liste communiste était alors arrivée en tête avec 24,3 % des suffrages devant le PS Carlos Da Silva (19,0 %) et le Vert Jacques Picard (7,8 %). La gauche avait cependant échouée à reprendre la ville au deuxième tour devant l'UMP Jean-Pierre Bechter qui avait obtenu 27 voix de plus que l'union de la gauche (5 190 contre 5 163 voix). L'espoir est désormais que, unifiée dès le premier tour sur le nom du conseiller général communiste Bruno Piriou, qui n'avait pu être candidat en 2009 (inéligible en raison d'erreurs dans ses comptes de campagne), la gauche puisse enfin mettre fin au système Dassault à Corbeil.

L'espoir de reconquête est donc ici important pour les communistes, qui dirigent une liste d'union de la gauche dans la dernière grande ville d'Essonne où ils sont bien implantés (41 000 habitants en 2010, deuxième ville de l'Essonne après la préfecture Évry). Cette ville est aussi un symbole en tant que fief historique du PCF dans le département (elle est conquise dès 1959), où la reconquête est possible.

 

Noisy-le-Sec

Le contexte est ici bien différent puisque l'élection municipale de 2008 n'a pas été entachée d'irrégularités et que le scrutin n'a pas été annulée. La ville a également une tradition communiste importante puisqu'elle est dirigée par le PCF de 1959 à 2001, date à laquelle elle est perdue au profit de l'UDF. Le scrutin a ici été provoqué par les dissensions au sein de la majorité de gauche, qui a repris la ville en 2008, et qui se sont traduites par la démission en bloc des élus communistes et verts. C'est la PS Alda Pereira-Lemaitre qui avait dominé le communiste Gilles Garnier au premier tour en 2008 d'une cinquantaine de voix (27,1 % contre 26,6 %). La gauche ne l'avait emporté que de justesse au second tour face au sortant UDF. Le scrutin est donc ici très ouvert, à gauche entre un PS et un PCF au coude à coude, et une droite encore bien implantée dans la ville.

Les différences avec le scrutin de 2008 sont cependant nombreuses et porteuses d'espoir pour la liste FdG menée par Gilles Garnier. Le PS est en effet divisé sur fonds de guerre interne dans le département entre la députée de la circonscription Élisabeth Guigou et Claude Bartolone, président du conseil général. La première est hostile à la maire sortante, tout comme la section PS de la ville, qui dénoncent la gestion solitaire et inefficace d'Alda Pereira-Lemaitre. Le second a soutenu la maire qui a également reçu l'aval du bureau national du PS. Il n'en reste pas moins que ces divisions peuvent laisser des traces durant la campagne.

Le scrutin est donc très ouvert à priori, au premier tour entre les deux listes de gauche et au second entre la gauche et la droite, si la gauche parvient à faire son unité dans l'intervalle autour du candidat arrivé en tête.

 

Le succès (ou non) des listes menées par les communistes devra être étudié à la loupe, dans un contexte d'affaiblissement de la banlieue rouge depuis plusieurs décennies et plus récemment, avec le départ de nombreux élus du PCF depuis 2009 (Patrick Braouezec, François Assensi et Jacqueline Fraysse, députés de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, ainsi que les maires de Nanterre, Sevran et Tremblay-en-France).

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 16:02

 

On se trouve dans ces trois régions dans le cas de fiefs historiques du vote communiste des années 1930 à 1970, qui ont connu une forte montée du vote FN dans les années 1980 et 1990 (à l'exception de la Corse) et un déclin associé du PCF. Le PCF se trouvait à la veille des régionales dans une situation contrastée. Il était dans une dynamique positive en Corse et en Languedoc après les résultats positifs obtenus aux européennes (respectivement 9,47 % et 9,15 % des suffrages exprimés) mais devait faire face à une situation plus moyenne en Provence (6,57 % aux européennes) bien qu'en hausse par rapport à 2004. Les enjeux des régionales étaient donc de confirmer les bons résultats de juin 2009 en vue de fidéliser dans la durée l'électorat et de renouer avec la tradition du vote rouge des régions méditerranéennes, où le PCF conservait quelques beaux restes au niveau local.

Le FdG se présentait aux électeurs seul en Provence et en Corse (où la liste était d'ailleurs à forte dominante communiste) et en alliance avec le NPA dans le Languedoc. Les résultats des élections régionales ont montré des perspectives contrastées pour le FdG, inquiétantes en Provence et dans le Languedoc mais positives en Corse.

 

Corse

La Corse est de loin la région donnant son meilleur résultat au FdG dans l'espace méditerranéen avec 10,02 % des suffrages exprimés, en hausse sur les européennes de juin (9,47 %) et surtout sur les régionales de 2004 (8,30 %). La tête de liste, Dominique Bucchini (PCF) a joué dans la dynamique puisqu'il s'agit d'une figure reconnue dans la région.

Ce résultat positif se répartit harmonieusement dans l'île, même s'ils sont légèrement meilleurs en Corse-du-Sud, département de Dominique Bucchini, (10,96 %) qu'en Haute-Corse (9,26 %). Les résultats ne révèlent pas de percée particulière dans les grandes villes (13,5 % à Bastia, 10,5 % à Ajaccio) si ce n'est à Sartène, ville dont M. Bucchini a été maire jusqu'en 2001 (31,5 %). Au final, le résultat du FdG dans l'île est relativement harmonieux et ne présenterait pas d'ombre s'il n'y avait pas eu de percée spectaculaire du vote nationaliste et autonomiste. Les deux listes autonomistes obtiennent d'ailleurs des résultats particulièrement élevés dans les grandes villes, notamment à Ajaccio où elles ont pu récupérer une partie du vote communiste traditionnel, au détriment donc d'une progression plus forte du FdG.

 

Languedoc-Roussillon

Avec 8,60 % des suffrages exprimés en Languedoc-Roussillon, le FdG allié au NPA a reculé non seulement par rapport à son résultat des européennes de juin 2009 (9,15 %) mais surtout au résultat cumulé du NPA et du FdG (14,93 % pour les deux listes). Plusieurs facteurs expliquent ce résultat décevant. D'abord, la tête de liste René Revol issue du PG ne bénéficiait pas du prestige personnel de Jean-Luc Mélenchon, qui avait animé la campagne des européennes. En outre, le président sortant Georges Frêche, bien qu'exclu du PS, bénéficiait d'une aura personnelle importante qui a pu étouffer la concurrence à gauche.

Cette possibilité semble d'ailleurs se vérifier si l'on observe les résultats des deux autres listes de gauche qui s'étaient opposées à Georges Frêche, Europe-Écologie (9,12 %) et la liste socialiste (7,74 %). Le président sortant obtenait quand à lui 34,28 % au premier tour et écrasait ses concurrents.

Le triple échec de la gauche anti-Frêche a été d'autant plus grave qu'aucune des trois listes n'a franchi la barre des 10 % des suffrages exprimés, empêchant toute fusion au second tour puisque ces listes avaient exclu de se rapprocher de Georges Frêche, dont elles critiquaient les pratiques et les propos (harkis, équipe de France...). La conséquence pour le FdG est que la liste n'a obtenu aucun élu alors que le PCF en comptait neuf après les élections de 2004 lors desquelles il s'était présentait en alliance avec le PS au premier tour.

 

D'autre part, le FdG n'a pas su conserver dans cette région à la tradition de gauche très marquée la part de l'électorat socialiste qu'avait su capter Jean-Luc Mélenchon aux européennes. Le FdG recule ainsi dans tous les départements. Il obtient des résultats compris entre 8,04 % (Aude) et 9,85 % (Gard) sauf en Lozère où il plafonne à 5,41 %. Ces résultats sont donc corrects, au-dessus de la moyenne nationale, mais dans une région où, compte tenu de la forte implantation communiste, le FdG aurait pu espérer dépasser les 10 % des suffrages au premier tour. Le résultat est particulièrement décevant dans le Gard où le FdG dépassait les 10 % aux européennes de 2009 et où le PCF compte encore 8 conseillers généraux, tandis que la FASE (composée de dissidents communistes) en détient 2.

Le contexte a sans aucun doute été un obstacle mais il ne faut pas non plus négliger la question de l'effritement du vote communiste et FdG dans la région, sur le long terme. Le Languedoc n'est en effet pas à l'abri d'une évolution comparable à celle du Var et des Alpes-Maritimes dans les années 1970-1980, avec un effondrement du PCF qui profite à la droite et à l'extrême-droite.

 

Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Avec 6,11 % aux élections régionales, le FdG mené par Jean-Marc Coppola (PCF) obtient un résultat en léger reflux après les 6,57 % des européennes. Ce tassement en pourcentage s'explique par la hausse de la participation, la progression du FdG étant moindre que la hausse de la participation entre les deux élections.

Ce résultat régional cache de très fortes disparités au niveau des départements et plus encore au niveau local. Le FdG est d'abord marginalisé dans deux départements où le PCF a connu un fort déclin tant en terme de voix qu'en terme d'élus. Il s'agit des Alpes-Maritimes où il obtient 4,81 % des suffrages exprimés au premier tour, et du Var (4,49 %). La faiblesse du FdG s'explique par l'absence d'ancrage local communiste, le PCF ne conservant qu'une seule mairie importante dans le Var (Brignoles en fait reprise en 2008 par l'ancien maire) et aucune dans les Alpes-Maritimes. Le FdG connait en fait le sort plus large de toute la gauche dans des départements désormais très portés à droite en raison de la mutation du vote des pieds-noirs (du communisme vers le FN) et de l'arrivée de nouvelles populations plus âgées s'installant pour le climat et déstabilisant les équilibres politiques locaux.

Dans le Vaucluse, le FdG réalise 5,10 % des suffrages, et 5,69 % dans les Hautes-Alpes. La situation de ces départements est proche de celle des deux précédents, avec une faible implantation initiale du PCF qui explique en grande partie les difficultés d'implantation électorale du FdG.

Le cas des deux derniers départements est différent. Les Alpes-de-Haute-Provence offrent un résultat positif avec 7,54 % des suffrages exprimés pour le FdG au premier tour des régionales. C'est d'ailleurs le seul département de la région dans lequel le FdG progresse par rapport aux élections européennes. Ce résultat est obtenu en dépit d'une faible implantation locale du PCF depuis son reflux des années 1980. On peut l'expliquer par la force du vote de mécontentement contre la réduction des services publiques dans les vallées des Alpes provençale, en partie capté par le FdG.

Le résultat du FdG est culmine dans les Bouches-du-Rhône avec 7,97 % des suffrages exprimés. Cela s'explique d'abord par l'importance de l'ancrage local communiste (plusieurs mairies importantes dont Martigues, Aubagne et Arles, villes de plus de 40 000 habitants). De ce point de vue, le résultat du PCF est d'ailleurs relativement décevant, en repli sur les européennes (il obtenait alors 8,72 %). Ces résultats traduisent en fait une évolution différenciée entre Marseille où le PCF est marginalisé de manière croissante depuis la perte de son député et de la mairie du 8° secteur, et le reste du département où il semble se maintenir mais ne progresse pas.

 

Au final, les résultats du FdG dans ces trois régions sont contrastés. Les résultats sont au-dessus de la moyenne nationale en Languedoc et en Corse, mais en-deçà de ce que laissaient espérer les résultats des européennes (Provence et Languedoc). Il semble en fait que le FdG se heurte ici au déclin structurel des matrices traditionnelles du vote communiste (depuis les années 1980 en Provence, plus récemment en Languedoc) et à un certain renouveau de l'extrême-droite (22 % pour Jean-Marie Le Pen en PACA, 19 % pour France Jamet en Languedoc) ou des nationalistes en Corse (deux listes représentant 27 % au premier tour). Il doit donc partir lui-même à la conquête de sa propre assise locale à défaut d'hériter d'une implantation communiste affaiblie. Cet effort d'implantation dans ces régions passera d'abord par les cantonales de 2011, si le FdG souhaite y progresser aux élections nationales de 2012.

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 08:33
Les élections régionales de 2010 semblent avoir vu renaitre ce qui constituait un des piliers de la puissance communiste des années 1930 aux années 1980, le "vote rouge" du massif central. Celui-ci s'était effondré dans le Limousin et était en repli constant dans l'Allier, coeur de la puissance communiste en Auvergne.

Dans le premier cas, le repli était intervenu dès les années 1980 avec le départ des partisans de Marcel Rigout du PCF pour former l'ADS (Alternative-Démocratie-Socialisme). La gauche radicale était donc toujours présente, surtout en Haute-Vienne, mais n'était plus favorable à un PCF jugé trop passéiste.
Dans l'Allier, le déclin est plus récent. L'effritement est entamé dès les années 1980 mais c'est surtout le départ d'André Lajoinie, député charismatique et candidat à la présidentielle en 1988, et  de Pierre Goldberg, député et maire de Montluçon, qui ont affaibli le PCF au début des années 2000. Il détient toujours le conseil général  et a gagné un siège de sénateur mais n'a plus de mairie importante ni de député.
Les élections européennes de 2009 sont venues se greffer sur ce paysage communiste morcellé et ont apporté un premier renouveau. La dynamique du Front de Gauche avait permis à la candidate communiste Marie-France Beaufils, pourtant élue dans la région Centre, de dépasser les 10 % des exprimés dans l'Allier (en repli par rapport à 2004) et surtout en Corrèze et en Haute-Vienne (en progression). Le Front de Gauche abordait donc les élections régionales dans une position dynamique, après le succès des européennes (plus de 10 % dans le Limousin).

Auvergne
En Auvergne, porté par le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne, le FdG obtient au premier tour 14,24 % des suffrages exprimés (9,5 % en 2004). Les résultats détaillés montrent un début de recomposition du vote communiste dans la région. Le bastion traditionnel du PCF, l'Allier, n'est plus la zone de force principale du Front de Gauche. Avec 13,79 % des voix André Chassaigne y est même en repli par rapport à son résultat de 2004. Il progresse au contraire en Haute-Loire et dans le Cantal où il dépasse 5 % des exprimés (respectivement 6,52 % et 5,86 %). Surtout, le point de force du vote Chassaigne devient le département du Puy-de-Dôme où il obtient 19,71 % contre 9,54 % en 2004.
Cette évolution est de taille : l'effritement du vote communiste dans l'Allier se poursuit, même si celui-ci reste à des niveaux élevés; le vote FdG se recentre dans le Puy-de-Dôme et progresse dans les régions de plateau et de  montagne du Cantal et de Haute-Loire. Cette progression massive, malgré la baisse de la participation, se traduit surtout dans les campagnes. On a bien un vote rural hostile à la compression des services publics (hôpital, la poste, éducation...) et à l'abandon des campagnes par le pouvoir (rappelons que le revenu agricole a baissé en moyenne de moitié depuis 2008, particulièrement pour l'agriculture de montagne), qui se porte de nouveau sur un candidat communiste.
La personnalité d'André Chassaigne a également joué une rôle important : populaire et connu dans la région, il obtient des résultats particulièrement élevés dans sa circonscription (plus de 40 % dans la ville de Thiers, pourtant peu portée à gauche).
Dans le département de l'Allier, les résultats sont moins encourageants : c'est le seul bémol à cette victoire. Le vote communiste dans le bocage bourbonnais reste stable. Il poursuit toutefois son déclin dans le bassin ouvrier de Montluçon : le PCF est désormais assez largement distancé par le PS et ne peut plus prétendre à la domination de la gauche pour la reconquête de la ville, qu'il a dirigé de 1977 à 2001.

Limousin
Le Limousin présente une configuration un peu différente. La tête de liste Christian Audouin, bien que reconnu pour son travail de conseiller régional, n'y avait pas la dimension charsimatique et le poids d'André Chassaigne en Auvergne. La liste était également différente : le Front de Gauche était ici élargi au NPA d'Olivier Besancenot.
Avec 13,13 % des suffrages exprimés au premier tour, l'attelage FdG-NPA réalise un bon résultat au regard du ceux du seul FdG aux européennes. Ils restent toutefois en retrait par rapport à ceux cumulés des deux formations en juin 2009 (17 %). Comme partout en France, le repli du NPA est net et c'est clairement l'électorat du FdG qui a porté la dynamique de la liste au premier tour.
La liste menée par Christian Audouin obtient son meilleur résultat en Corrèze, où le PCF a conservé une meilleure implantation (14,13 %). Suivent la Haute-Vienne (12,67 %) et la Creuse (12,40 %).  Ces résultats encourageants sont là encore plutôt portés par les campagnes. Avec 11,06 % des voix à Limoges, le FdG réalise un très bon résultat toutefois en retrait sur ses moyennes départementales et régionales. On retrouve ce schéma dans la plupart des villes de la région.
Le vote rural est donc comme en Auvergne le pilier du renouveau du vote "rouge" dans le Massif central. La thématique de la casse du service public et du soutien à l'agriculture ont également marqué la campagne électorale, plus que les grands chantiers comme la LGV Poitiers-Limoges portée par le PS.

L'histoire aurait pu s'arrêter là mais, en rejettant le candidat NPA en Haute-Vienne et en voulant briser la solidarité de la liste, le PS a empêché toute fusion entre les deux listes et contrait le FdG à se maintenir au deuxième tour (cas unique en France). Ce maintien a clairement profité au FdG qui progresse fortement entre les deux tours et gagne plus de 20 000 voix (équivalant à la totalité de la hausse de la participation entre le premier et le second tour !). Elle  atteint 19,10 % des suffrages exprimés. La progression est particulièrement forte en Haute-Vienne, où le PS avait refusé la fusion, où le FdG culmine à 21,47 % des voix (+9 points), mais également perceptible en Corrèze (17,35 %, +3 points) et dans la Creuse (16,18 %, +4 points).
La carte suivante montre bien le différentiel entre les deux tours :

limousin.gif

Le vote rural en faveur du FdG est renforcé par l'attitude du PS : une partie de l'électorat PS et EE, proche dans cette région de la tradition du vote rouge et radical qui avait alimenté la puissance du PCF pendant plus de 50 ans, s'est de nouveau portée sur la gauche radicale, en l'occurence le FdG. Celui-ci réalise quelques résultats impressionnants dans certaines villes (27 % à Rilhac, Ambazac et au Palais-sur-Vienne, 23 % à Rochechouart et Saint-Junien) dont un 20 % à Limoges, du jamais vu depuis les années 1970.
La hausse de la participation ne dessert donc pas le FdG : contrairement a ce qu'affirment nombre d'analystes, ses listes ne sont pas fortes en cas de faible participation car son électorat serait surmobilisé. On voit bien dans ce cas la marge de progression qu'il conserve chez les abstentionistes voire les électeurs d'autres listes de gauche.
La dynamique d'union de la liste FdG-NPA a incontestablement joué dans le succès de celle-ci au deuxième tour par rapport à un PS diviseur. La tradition de gauche de cette région est également importante pour comprendre la facilité du déplacement des voix en faveur de la gauche radicale.

Au terme de ces régionales, on peut donc dire que le pari du FdG est pleinement réussi dans ces deux régions. Il a su capter l'électorat communiste traditionnel et l'élargir dès le premier tour en Auvergne, au second dans le Limousin. Le FdG représente désormais la troisième force politique française dans ces deux régions, c'est dire s'il faudra compter avec dans les années à venir.
L'enjeu pour les militants et les élus locaux est désormais de fidéliser dans la durée cet électorat encore composite (anciens communistes, socialistes, abstentionistes, ruraux...) et de lui proposer un projet commun et porteur.
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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 18:55
Avec 6,55 % des suffrages exprimés au premier tour, le Front de Gauche mené par Pierre Laurent, coordinateur national du PCF, a passé en région parisienne la barre des 5 % lui permettant de fusionner, d'obtenir des élus et de se faire rembourser les frais de campagne. Le résultat est même légèrement en hausse par rapport à celui des européennes de juin 2009 durant lesquelles Patrick Le Hyaric avait obtennu 6,32 % des voix (la participation est relativement stable, passant de 42 % à 43 % entre les deux scrutins). En apparence donc, tout va bien pour le Front de Gauche en région parisienne. Plusieurs éléments sont toutefois inquiétants pour l'avenir plus ou moins proche du PCF.

D'abord, le Front de Gauche ne décolle réellement que dans deux départements, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis, où il représente plus de 10 % des exprimés. Il obtient également un résultat intéressant à Paris avec 6,1 %, en net progrès sur les européennes (il fait même une pointe à 10,5 % dans le 20°) et même les régionales de 2004.
Les résultats sont déjà plus inquiétants dans les autres départements. Dans les Yvelines, le Front de Gauche reste marginalisé avec à peine 3,5 % des suffrages. Dans le Val-d'Oise comme en Seine-et-Marne il passe péniblement la barre des 5 % et culmine à 6,5 % dans l'Essone. La grande couronne est donc un espace où le Front de Gauche ne parvient pas à émerger de manière significative. Il reste très loin derrière le PS et EE à gauche, mais aussi le FN et l'UMP.

Surtout, la question de l'abstention tend à devenir existentielle pour le Front de Gauche. On sait que celui-ci s'appuie prioritairement sur l'électorat communiste classique qu'il élargit à d'anciens électeurs socialistes, des militants associatifs et syndicaux... Hors, la participation est particulièrement faible dans les départements où le PCF était puissant. Elle est ainsi de 36,8 % en Seine-Saint-Denis (24 points de moins qu'en 2004) et de 42,90 % dans le Val-de-Marne (21 points de moins qu'en 2004), soit des taux inférieurs aux moyennes nationale et régionale et des baisses plus élevées depuis les élections de 2004.
L'abstention touche particulièrement fortement les cités dans les villes de banlieue, autrefois les espaces où le PCF obtenait ses meilleurs résultats. Dans nombre de cités on a ainsi plus de 80 % d'abstention : celle-ci est la norme et non ponctuelle. Cette tendance de fond, visible depuis les années 1980, a ainsi été amplifiée par les dernières élections. La conséquence de ce mouvement est que le Front de Gauche connait des résultats désastreux dans la plupart des mairies communistes de banlieue.
La comparaison avec 2004 permet de montrer l'ampleur du reflux. Voici deux cartes présentant les résultats  pour la petite couronne de la liste de Marie-George Buffet en 2004 (7,2 % et 260 000 voix dans la région) et ceux de Pierre Laurent en 2010 (6,5 % et 190 000 voix).

Regionales-2004.GIF


Dans les deux villes de plus de 100 000 habitants qu'il a dirigées de 1935 à 2001 (Argenteuil) et 2008 (Montreuil), le PCF fait ainsi respectivement 8,5 % et 18,5 % des exprimés, représentant seulement 3 % et 7 % des inscrits. Dans ces deux villes il est dépassé par ses partenaires de gauche, PS et EE.
Pour les villes de plus de 50 000 habitants, le constat est plus inquiétant encore. Le Front de Gauche n'obtient la première place que dans deux villes du Val-de-Marne (Ivry et Champigny) et une seule de Seine-Saint-Denis (Le Blanc-Mesnil, ville de Marie-George Buffet). Il y représente entre 21 % et 27 % des exprimés mais de 7 % à 11 % des inscrits, avec des taux d'abstention supérieurs à 60 % dans les trois cas.
Le Front de Gauche est dépassé par le PS dans toutes les autres grandes villes de banlieues dirigées par le PCF (Villejuif, Vitry, Fontenay, Nanterre, Saint-Denis). La banlieue rouge ne joue donc plus massivement son rôle de réservoire de voix pour les listes soutenues par le PCF. Celui-ci y obtient des résultats supérieurs à la moyenne mais en repli. Surtout, la forte abstention rend ces résultats moins importants à l'échelle de la région. Il obtient ainsi plus de suffrages à Paris (34 000 voix) que dans toutes les villes de plus de 50 000 habitants qu'il dirige en Ile-de-France (24 000 voix). Les résultats de Saint-Denis et Nanterre (5% des inscrits, 15 % des exprimés), sont particulièrement alarmants.
Regionales-2010.GIF

Enfin, la catégorie des villes de plus de 20 000 habitants présente également des résultats inquiétants. Le Front de Gauche ne vire en tête que dans deux mairies communistes de banlieue : Malakoff et Gennevilliers où il culmine à 34 % des suffrages exprimés (16 % des inscrits). Il est en revanche dépassé par le PS dans toutes ses autres mairies de banlieue :
- Bagneux dans les Hauts-de-Seine
- Bezons dans le Val-d'Oise
- Morsang-sur-Orge et Grigny dans l'Essonne
- Roissy-en-Brie et Champs-sur-Marne en Seine-et-Marne
- Villeneuve-Saint-George et Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne
- Bagnolet, Saint-Ouen, Bobigny, La Courneuve, Tremblay, Stains et Villepinte en Seine-Saint-Denis
Ces résultats sont ainsi inquiétants dans la perspective des prochaines élections locales tant la supériorité du PCF dans ces villes semble remise en question. Par rapport aux régionales de 2004, l'évolution est sans appel. Le PCF dépassait alors 20 % des exprimés dans 19 de ses mairies de banlieue et culminait à plus de 30 % à Stains. Il ne dépasse désormais 20 % que dans 8 mairies et 30 % qu'à Gennevilliers.

Le recul est particulièrement brutal en Seine-Saint-Denis puisqu'il n'émerge plus qu'au Blanc-Mesnil, et est cantonné entre 10 % et 20 % dans la plupart des grandes villes du département. Conséquence, le résultat du PCF dans ce qui fut son département symbole recule de 14 % à 11 % des exprimés et surtout de 50 000 à 29 000 voix, soit très précisément 4 % des inscrits.

AInsi, les résultats du Front de Gauche ne sont pas mauvais en termes de pourcentage des exprimés, même s'ils enregistrent une légère érosion depuis 2004 (de 7,2 % à 6,6 %). Le constat est plus alarmant en pourcentage des inscrits. La montée en puissance régulière de l'abstention depuis 20 ans dans l'électorat communiste de banlieue a désormais des conséquences profondes. Cet électorat est durablement dépolitisé et éloigné des urnes. Le PCF doit désormais repenser sa manière d'organiser et de défendre ces populations contre le libérlisme effréné, sous peine de disparaitre de ces territoires qui sont ses fiefs historiques. Il peut s'inspirer de la réussite relative de certaines communes comme Malakoff ou Ivry, où l'abstention reste relativement contenue (moins de 60 %). Il doit surtout porter au niveau national un espoir de transformation et amener son projet au coeur des cités pour espérer reconquérir cet électorat populaire qui lui échappe désormais en grande partie, au profit d'autres partis de gauche comme le PS et surtout au profit d'une dépolitisation croissante des milieux populaires.
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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 20:15

Je fais ici une analyse du bilan national que l'on peut tirer des résultats du Front de Gauche (FdG) au premier tour des élections régionales de mars 2010. Je détaillerai plus tard au niveau des régions.

 

La première remarque est que le FdG est en progression par rapport aux résultats des européennes de juin 2009, la seule élection à laquelle il avait jusque-là participé. Il avait en effet alors obtenu 1,04 million de voix au niveau national contre 1,13 million aux élections régionales. Cette hausse limitée en nombre de voix se traduit par une baisse en pourcentage des exprimés de 6,05 % à 5,84 %. Dans les deux cas, il faut relativiser les chiffres puisque la participation, bien qu'exceptionnellement faible pour des régionales, était supérieure à celle des européennes (de 40,6 à 46,3 % de votants). Surtout, les résultats du FdG aux régionales obtenus sur 17 régions (22 en métropole) sont rapportés aux chiffres nationaux, ce qui sous-estime clairement le poids de l'alliance dans les régions où elle était présente.

 

Régionales 2010 (1)

 

Voici les résultats détaillés du Front de Gauche, représentés sur la carte ci-dessus :

Plus de 10 % : Auvergne (14,24 %), Nord-Pas-de-Calais (10,78 %), Corse (10,02 %) et Limousin, en alliance avec le NPA (13,13 %).

Plus de 5 % : Haute-Normandie (8,39 %), Centre (7,53 %), Midi-Pyrénées (6,91 %), Ile-de-France (6,55 %), Rhône-Alpes (6,31 %), PACA (6,11 %), Aquitaine (5,95 %), Picardie (5,35 %) et enfin Languedoc-Roussillon (8,59 %) et Pays-de-la-Loire (5,00 %) en alliance avec le NPA.

Moins de 5 % : Poitou-Charentes (4,66 %), Franche-Comté (4,05 %) et Alsace (1,86 %).

 

Régionales 2010 (3)

 

Au niveau des départements, on peut tirer plusieurs constats.

Le Front de Gauche dépasse la barre des 10 % dans 11 départements (2 de plus qu'aux européennes) et dépasse les 15 % dans le Puy-de-Dôme (aucun aux européennes). A l'inverse, il ne dépasse plus les 7,5 % que dans 13 départements (20 aux européennes). Les résultats des départements où il fait moins de 7,5 % sont stables.

Ce mouvement contradictoire a une double signification. On a d'une part un renforcement de l'électorat Front de Gauche dans les anciennes zones de force du PCF, qui apparaissent plus nettement qu'aux européennes sur la carte. Les marges septentrionales et occidentales du massif central apparaissent ainsi particulièrement renforcées, mais ce mouvement se retrouve également dans le Nord et le Pas-de-Calais. On doit ici noter l'exception de la région parisienne où les résultats sont en baisse par rapport à juin 2009 (voir la carte n°3). Je reviendrai plus en détail sur cette situation dans l'article à venir su l'Ile-de-France.

D'autre part, on constate bien à partir de la carte n°3 (ci-dessous), que le Front de Gauche régresse dans le Sud-Ouest par rapport aux européennes de juin. Cela se traduit dans la baisse du nombre de départements où il dépassait 7,5 %. On peut expliquer ce reflux par l'absence de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, qui avait pu en 2009 convaincre des électeurs socialistes et créer une dynamique que l'on a pas retrouvée aux régionales.

L'électorat du Front de Gauche est donc plus identifié et plus concentré géographiquement qu'aux européennes. S'il a perdu chez les anciens socialistes, il a incontestablement progressé dans l'électorat rural protestataire traditionnel.

 

Régionales 2010 (4)

 

La carte n°3 représente les fluctuations du vote FdG entre européennes et régionales.

Le cas des trois régions où le FdG se présentait en alliance avec le NPA doit appeler une explication spécifique. Contrairement aux attentes, les résultats n'y sont pas bons, en-dehors du Limousin. Surtout dans l'ensemble des départements concernés le FdG élargi des régionales obtient moins que les votes cumulés du NPA et du FdG aux européennes (5 % contre 8,8 % en Pays-de-la-Loire, 13,13 % contre 16,94 % dans le Limousin). Pire, l'alliance FdG-NPA obtient même moins aux régionales dans le Languedoc que le seul FdG aux européennes : 8,59 % contre 9,15 %auxquels il faut ajouter les 5,78 % du NPA.

Indéniablement, ce résultat doit appeler une réflexion : est-il réellement souhaitable de rechercher l'alliance avec le NPA ? Cette alliance ne présente-t-elle pas le risque d'éloigner une partie de l'électorat du FdG (la plus gestionnaire) et de celui du NPA (la plus radicale) ?

 

Plus largement, on peut constater que le FdG progresse dans ses zones de force et tend à régresser dans ses zones de plus grande faiblesse où son électorat est plus volatile (Charente-Maritime, Franche-Comté...). Le cas du grand Sud-Ouest (Aquitaine, Midi-Pyrénées) a déjà été évoqué. Dans la Somme et l'Aisne, le recul s'explique par la candidature dissidente de Maxime Gremetz. Enfin, le cas de la côte méditerranéenne et de l'Ile-de-France semble plus inquiétant puisque le FdG y recule, en partie à cause de la montée de l'abstention dans l'électorat populaire. Je développerai tous ces éléments dans plusieurs billets détaillés sur les régions.

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 09:34
A l'approche des élections régionales, il est légitime de tirer un premier bilan de l'action du PCF depuis les élections européennes de l'an dernier. Après des tensions importantes, internes et avec ses partenaires, et des négociations parfois difficiles pour la composition des listes (plus que sur les aspects programmatiques relativement consensuels), le Front de Gauche a finalement été reconduit avec le PG et la GU, mais surtout élargi à de nouveaux mouvements : Alternatifs, Mouvement Politique d'éducation populaire, Fédération et divers groupements locaux.
Le PCF, après une consultation interne de ses adhérents, a finalement choisi de se présenter aux élections avec le Front de Gauche dans 17 régions. Il ne maintient une alliance avec le PS au premier tour que dans cinq régions métropolitaines. Au sein même des régions où la majorité des adhérents a décidé de s'allier avec le PS au premier tour, le désir d'unité est si fort que nombre de militants participent malgré tout à des listes Front de Gauche. C'est notamment le cas en Bretagne et en Lorraine.
Pour bien mesurer le renversement par rapport à 2004 il faut souligner que le PCF faisait alors alliance partout avec le PS, sauf dans huit régions : Alsace, Aquitaine, Auvergne, Franche-Comté, Corse, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais et Picardie. Marqué par le désastre électoral de la présidentielle de 2002, il avait privilégié l'unité avec les socialistes pour conserver le maximum d'élus.
Contrairement à ce que peuvent dire les médias dès qu'ils parlent du PCF (quand ils parlent de lui !), celui-ci est donc très loin d'être un parti mort ou "supplétif du PS". En effet, les élections régionales étaient les seules dans lesquelles le PCF faisait primer une alliance avec le PS par rapport à son autonomie. Ce n'est désormais plus le cas.

Le PCF a donc confirmé l'union lancée pour les européennes et a démontré que son désir d'unité ne se limitait pas à une simple alliance électorale ponctuelle puisque ce choix pour les régionales va probablement l'amener à perdre des élus. Il dispose en effet de plus de 200 sortants et il est peu probable qu'il puisse obtenir un tel nombre d'élus cette année, d'autant plus qu'il faut partager les éligibles avec les alliés. Selon les estimations, le PCF pourrait perdre la moitié de ses élus régionaux, ce qui démontre la difficulté du choix qu'il a eu à faire en faveur de l'unité. On ne peut pas en dire autant du NPA qui se complait dans le radicalisme et l'isolement, à l'exception notable et salutaire des régions Languedoc-Roussillon, Limousin et Pays-de-la-Loire.

De manière contradictoire, le Front de gauche peut gagner des électeurs par rapport au PCF en 2004  mais risque de perdre des élus. Si l'on regarde les élections de 2004, on peut tirer constater que le PCF s'était présenté en autonome principalement dans ses régions de force (Auvergne, Corse, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais et Picardie), et ponctuellement dans des régions où un accord satisfaisant avec le PS n'avait pu être trouvé (Alsace, Aquitaine, Franche-Comté). Les résultats du PCF traduisaient cette disparité comme le montre la carte suivante :

Regionales-2004--1-.GIF
Résultats des listes communistes (par département) aux élections régionales de 2004

La carte montre bien que le PCF avait obtenu de bons résultats dans ses zones de force : bassin minier du Nord, Picardie, marge Nord du massif central, Est de la banlieue parisienne. Les résultats par région montrent bien que le redressement après la présidentielle de 2002 était très différencié :
Picardie : 10,86 %
Nord-Pas-de-Calais : 10,68 %
Auvergne : 9,20 %
Ile-de-France : 7,20 %
Corse : 6,62 %
Aquitaine : 4,35 %
Franche-Comté : 4,18 %
L'Alsace est un cas à part puisque le PCF s'y était présenté avec le MRC et le PRG et avait obtenu 3,73 %.

La comparaison avec les élections de 2010 parait donc difficile. Le PCF n'est plus en dynamique de repli après 2002 mais dans une phase de reprise après le succès relatif du Front de Gauche aux européennes de 2009. Il n'est plus majoritairement allié au PS et minoritairement autonome, mais largement partie prenante du Front de Gauche et à la marge allié avec le PS.
Les élections régionales de 2010, sur lesquelles nous reviendront après les résultats, présentent désormais un enjeu majeur pour le PCF. Il s'agit d'abord de confirmer les résultats encourageants de juin 2009 après avoir renouvelé le Front de Gauche. Derrière se jouent des enjeux plus larges. Si l'alliance PCF/PG (pour les principaux partis) confirme et améliore ses résultats, la question de la position du NPA et celle de la présidentielle de 2012 ne manqueront pas de se poser.
Encouragé par de bons résultats, le PCF pourrait souhaiter poursuivre la dynamique unitaire aux présidentielles (il l'a déjà fait en 1965 et 1974 derrière François Mitterrand au premier tour) et soutenir un candidat unique. Un tel succès pourrait également pousser un NPA marginalisé par son isolement à intégrer la dynamique unitaire (même s'il semble peu probable qu'Olivier Besancenot soit prêt à soutenir un autre candidat que lui en 2012).
Ces élections peuvent donc s'avérer déterminantes pour la recomposition à gauche. Le PS semble reprendre son leadership et la dynamique d'Europe Ecologie ne semble pas vraiment devoir se poursuivre aux régionales (le mouvement décline régulièrement dans les sondages). La question posée est donc bien celle de l'émergence à gauche d'un nouveau pôle, dynamique et pourquoi pas majoritaire à terme, qui pourrait contribuer à la recomposition du champ politique et à l'alternative à Nicolas Sarkozy.
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